jeudi 31 juillet 2014

Meurtres au Lone Star Cafe, de Kinky Friedman


Kinky Friedman est un chanteur, auteur-compositeur, romancier et homme politique américain; Rien que ça. Et surtout il fume des barreaux de chaise, et descend le whisky comme si c'était de l'eau plate. Ses polars partagent certaines ressemblances avec sa musique country, mettant en vedette une version fictive de lui-même résolvant des crimes à New York et offrant blagues, sagesse, charme texan et whiskey irlandais. Fred Vargas et Bill Clinton le revendiquent d'ailleurs comme l'un de leurs écrivains préférés. C'est aussi mon cas !

La première enquête du Kinkster remonte à 1986: Meurtre à Greenwich Village. C'est un premier whodunit de bonne facture, mais sans plus. 


Meurtres au Lone Star Café, son deuxième roman paru en 1987, est beaucoup plus réussi, c'est également un whodunit dans la plus pure tradition du genre: une série de meurtres liés entre eux, un tueur en série insaisissable, et Kinky qui mène l'enquête, à sa manière, et qui ira jusqu'à risquer sa peau pour démasquer le coupable, dont l'identité n'est connue que dans les toutes dernières pages du roman. Un whodunit avec le côté décalé de son personnage principal en plus. 

Je vous conseille de commencer par ce roman si vous souhaitez entrer dans l'univers du Kinkster. Je vous avertis tout de suite: il faut un peu de temps pour s'habituer au style imagé de l'auteur, et à son humour bien spécial; Mais ensuite, quels formidables moments de lecture vous attendent ! Il faut lire Kinky Friedman pour son originalité, tant au niveau des dialogues que de l'atmosphère qui se dégage de ses polars. Une vraie marque de fabrique. Inimitable !

Kinky Friedman, Meurtres au Lone Star Café, Rivages, 248 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Frank Reichert, sorti en 1987 (Etats-Unis) 1993 (France)

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L’analphabète, de Ruth Rendell


Ruth Rendell  a clairement fait évoluer le Whodunit (qui l’a fait ?) vers le Whydunit (pourquoi l’a t’on fait ?), voire même le Howdunit. (comment l'a t'on fait ?) Car pourquoi et comment Eunice Parchman va-t-elle être amenée à décrocher un fusil et à perpétrer un véritable massacre ? Cette domestique idéale, travailleuse et discrète, tuera de sang-froid ses patrons, les Coverdale, un couple aisé, cultivé, amoureux, qui menait une existence paisible dans un élégant manoir de la campagne anglaise. L’analphabète n’est donc pas un thriller mais un whydunit magistralement écrit, la romancière faisant preuve d’une finesse psychologique extraordinaire; Le ton est toujours juste, crédible, et l’atmosphère “So british”.




Ruth Rendell ne tombe jamais dans la façilité et donne à ce roman une profondeur et une justesse dignes des meilleurs romans policiers. Et l’on comprend mieux pourquoi ce roman a été adapté au cinéma par Claude Chabrol (La cérémonie avec Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert). Un classique du roman criminel anglais. Le chef d'oeuvre de cette reine du crime.

Ruth Rendell, L’analphabète, Le Livre de Poche, 224 pages, traduit de l'anglais par Jean-Michel Alamagny, sorti en 1977 (Angleterre) 1978 (France)

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mercredi 30 juillet 2014

Le sabbat dans Central Park, de William Hjortsberg


Qui était ce client dont le nom biscornu faisait fourcher la langue ? Quelle était donc cette ombre après laquelle courait le détective Harry Angel ? Entraîné dans un tourbillon de vaudou, violence et voyance, il comprit enfin - mais trop tard - que c'était une énorme farce... et qu'il en était le dindon. Adapté au cinéma sous le titre Angel Heart, avec dans le rôle principal Mickey Rourke, ce court roman est un whodunit décalé à l’atmosphère inimitable, qui se lit d’une traite. Mais le film est résolument fantastique alors que le livre peut être qualifié d'insolite, de décalé, mais pas de fantastique. En tout cas, je ne l'ai pas perçu comme tel.

Ce qui est sûr c'est que l’auteur fait preuve d’un talent extrêmement novateur, et nous bluffe avec cette enquête complètement atypique. Le récit est fluide, bien écrit, sans temps mort, sans gras. 

Jusqu’au final bluffant. Oui, je vous le dis la chute est stupéfiante, c’est vraiment du grand art. Au final, Le sabbat dans Central Park fait partie de ces polars cultes qui auront marqué à jamais le genre. C'est le chef d'oeuvre de William Hjortsberg.

William Hjortsberg, Le sabbat dans Central Park, Gallimard, 254 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Rosine Fitzgerald, sorti en 1978 (Etats-Unis) 1980 (France)

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mardi 29 juillet 2014

Chant funèbre en rouge majeur, de George Chesbro


Le regretté George Chesbro est surtout connu pour ce que la plupart considèrent comme son chef d'oeuvre: BonePour moi, son chef d'oeuvre restera la création de son personnage fétiche, Mongo le Magnifique, nain, ancienne vedette de cirque, docteur en criminologie et détective privé au QI exceptionnel. Ce fabuleux conteur qu'était Chesbro l'a mis en scène dans une vingtaine de romans, écrits entre 1975 et 2005. Les premiers opus flirtent allègrement avec le fantastique, le bizarre, l'insolite, les derniers sont beaucoup plus des thrillers politiques. Mais par contre, le suspense et l'humour sont toujours présents. Sorti en 1992, Chant funèbre en rouge majeur est l'un des sommets de cette série. C’est un vrai roman d’aventure, d’espionnage. 


Pas de temps de mort, de l'action, du suspense, des rebondissements, l'action se déroule dans un cadre propice aux intrigues d'espions: les rives du lac Léman. Mongo doit affronter un ennemi hors du commun, qui semble semer la mort et la désolation partout où il passe; Son nom: Chant Sinclair. Complot, machination mondiale, CIA, secte secrète, tous les ingrédients sont réunis pour vous faire passer un agréable moment de lecture; Avec à la baguette le talentueux Chesbro, qui excellait dans l'art de raconter des histoires. Du tout bon !

George Chesbro, Chant funèbre en rouge majeur, Rivages, 352 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch, sorti en 1992 (Etats-Unis) 2002 (France)

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Génération Armageddon, Roger Simon

Le passager de la pluie, de Sébastien Japrisot


On connaît surtout le film du même nom, qui a connu un succès considérable dans le monde entier, avec Marlène Jobert et Charles Bronson dans les rôles principaux. Même si vous avez déjà vu le film, lisez quand même le livre, qui vaut le détour. Un court récit surprenant, captivant, choquant, qui se lit d’une traite.

Une petite station balnéaire en automne. Une jeune femme sage, mariée à un navigateur aérien: Mellie. Un soir de pluie, toute sa vie bascule: le passager d'un autocar qui n'amène plus personne la surprend chez elle, l'attache sur son lit et la violente. Le passager de la pluie est un classique de la littérature à suspense, très bien écrit. Le regretté Sébastien Japrisot montre une maîtrise impressionnante dans la conduite de son récit. 

La tension est omniprésente, le ton toujours juste, jamais vulgaire. Le style d'écriture très simple, percutant, me fait penser aux romans de Jack Ketchum. Du grand art ! Un classique à découvrir d'urgence.

Sébastien Japrisot, Le passager de la pluie, Folio, 167 pages, sorti en 1992.

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lundi 28 juillet 2014

Casco Bay, de William G. Tapply


Laissez-vous emporter par l’écriture lumineuse, et l’univers tranquille du très regretté William G. Tapply; Celui-ci est malheureusement décédé trop tôt alors que Dark Tiger, troisième volet des enquêtes du mystérieux et attachant Stoney Calhoun, s'apprêtait à sortir aux Etats-Unis. Cet auteur laisse derrière lui une œuvre pétrie d’humanité, et aura vraiment renouvelé le polar naturaliste. Casco Bay est la deuxième enquête de Stoney Calhoun, c'est aussi la plus palpitante. 

Sept ans après le mystérieux accident qui a effacé sa mémoire, Stoney Calhoun a repris sa paisible existence de guide de pêche, partagée entre la boutique de la belle Kate Balaban et sa cabane isolée dans les bois du Maine. 


Jusqu'au jour où, sur une île inhabitée de Casco Bay, il découvre un cadavre entièrement carbonisé. Peu de temps après, le client qui l'accompagnait est assassiné. Commence alors une enquête pleine de rebondissements.

Un whodunit très bien écrit, une intrigue ficelée aux petits oignons par un conteur hors pair, avec pour cadre, la nature sauvage et enivrante du Maine. 
Reposant !

William G. Tapply, Casco Bay, Gallmeister, 320 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe, sorti en 2007 (Etats-Unis) 2008 (France)

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Dark tiger

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Le royaume des perches, Martti Linna

Koko, de Peter Straub


Koko est le premier volet de la célèbre trilogie Blue Rose. Peter Straub nous emmène loin, très loin dans ce roman riche et complexe. Le fil conducteur de ce thriller hallucinant reste la traque de Koko, tueur en série, et ancien soldat pendant la guerre du Vietnam. L'identité de ce psychopathe est d'ailleurs dévoilée dans les derniers chapitres du roman. 

Mais à travers cet implacable suspense, qui nous emmène aussi bien à Bangkok que dans l’Amérique profonde, Peter Straub évoque le Vietnam, et surtout l’après Vietnam; Il dénonce les atrocités subies par la population civile vietnamienne, et analyse, sans tomber dans la façilité, les désordres psychiques dont sont victimes les américains qui sont revenus vivants de cette guerre abominable.  


Je l'admets, les premières pages sont un peu confuses, j'ai eu du mal à "entrer" dans le roman, mais ensuite quel plaisir ! Les personnages sont fouillés, l’intrigue dense et complexe (plus de 800 pages dans la version poche du roman), et il émane de ce roman  une atmosphère à la limite du fantastique, ce qui est normal, car le fantastique est le genre de prédilection de Peter Straub. 

Mais surtout  il se dégage de ce roman une puissance difficile à décrire, on a l'impression de se retrouver dans un véritable enfer métaphysique ! Car  tous ces anciens soldats ne peuvent pas être revenus indemnes de cette guerre. L'Amérique traumatisée est une réalité. Au final, un polar pas comme les autres, terriblement étrange ! 

Peter Straub, Koko, Pocket, 827 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Ferry, sorti en 1988 (Etats-Unis) 1990 (France) 

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vendredi 25 juillet 2014

Les chiens du désert, de T. Jefferson Parker


T. Jefferson Parker est un écrivain de la Californie, sa terre natale qu'il n'a d'ailleurs jamais quittée, et donc logiquement tous ses romans ont pour cadre l'état le plus riche d'Amérique. Cet excellent écrivain a quand même reçu deux fois l'Edgar Award (l'équivalent américain de notre grand prix de littérature policière) pour les monumentaux Seul dans la nuit et California girlIl est pourtant moins connu que ses confrères californiens Michael Connelly, James Ellroy, ou encore Robert Crais et Jonathan Kellerman. Pourtant, son talent pour raconter des histoires et captiver son lecteur, est loin d'être d'inférieur à celui de ses illustres pairs. Je trouve même que son  écriture a gagné en caractère, en densité, Les chiens du désert est d'ailleurs beaucoup plus un roman noir qu'un suspense au sens strict du terme.

Avec son précédent roman Signé Alison Murietta, T. Jefferson Parker inaugure une série mettant en scène le policier Charles Hood, qui représente l'idéal du représentant de la loi, sans tomber toutefois dans le cliché du flic parfait qui n'existe pas. Un personnage intègre, droit, incorruptible, mais torturé par des expériences difficiles, notamment la guerre en Irak.

Les chiens du désert est donc le second volet de cette série, c'est un roman noir à la construction impeccable, qui nous tient en haleine du début à la fin, et qui mélange différents thèmes: la misère sociale, la corruption policière, le trafic de drogue, avec en toile de fond un meurtre dont le coupable sera connu dans les toutes dernières pages du roman. Un excellent cru qui porte la marque d'un écrivain de talent. 

T. Jefferson Parker, Les chiens du désert, Calmann-Lévy, 368 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Philippe Loubat-Delranc, sorti en 2009 (Etats-Unis) 2012 (France) 

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Prends garde au buveur solitaire, de Cornelius Lehane


Cornelius Lehane n’a aucun lien de parenté avec Dennis Lehane, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’a rien à lui envier côté écriture de polars; Le bonhomme possède un talent certain pour raconter une histoire et captiver son lecteur. Une atmosphère résolument anticonformiste et pleine d’humanité se dégage de ce premier roman, qui permet de faire connaissance avec celui qui va devenir son héros, ou plutôt antihéros. 

Acteur au chômage, Brian McNulty officie comme barman chez Oscar, un rade de Broadway où se retrouvent les ivrognes du quartier. Quand une ravissante brune aux yeux bleus nommée Angelina pousse la porte du bar, il succombe illico à son charme. Mais ce n’est pas le seul. 


Angelina a tout de la femme fatale, et cache en plus un lourd secret, sans doute si terrible qu'elle finit assassinée au petit matin dans Riverside Park. Brian va tenter de comprendre ce qui a pu se passer. Il se transforme alors en détective privé, incarnant la lutte du faible contre le plus fort.

Un très bon whodunit subtilement mené, et également un très beau roman noir “de quartier”, profondément humain, hommage à ce New York des marginaux et des insoumis, au cœur des féroces années Reagan. Un polar d'atmosphère à part qui mérite d’être lu. C'est bien écrit, Cornelius Lehane est un écrivain, aucun doute là-dessus.

Cornelius Lehane, Prends garde au buveur solitaire, Rivages, 320 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Corinne Faure-Geors, sorti en 1999 (Etats-Unis) 2002 (France) 

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Triste flic, Hugo Hamilton

jeudi 24 juillet 2014

La maison de fer, de John Hart


On parle souvent du fameux "Big Four" américain, constitué par Harlan Coben, Dennis Lehane, James Ellroy et Michael Connelly. J'enlèverais volontiers James Ellroy, dont je n'ai jamais apprécié le style d'écriture, même si le Dahlia Noir est sans doute l'un des plus grands romans noirs jamais écrits. A sa place, je mettrais John Hart qui prend une nouvelle dimension avec La maison de fer, ce thriller captivant, envoûtant, et bouleversant à bien des égards. L'intrigue est noire, très noire, le suspense implacable, certaines scènes à la limite du supportable, on a ici un roman dur, poignant, épique du début à la fin. Pas de temps mort, pas de répit pour le lecteur. Les cent dernières pages se lisent d'une traite, impossible de lâcher le livre avant de connaître la vérité, le dénouement. 

Je ne vais pas parler de l'histoire, je vous laisse le soin de la découvrir, mais je voudrais revenir sur le style de l'auteur, qui fait toute sa force, et trouve ici la pleine mesure de son talent. Une écriture sauvage, puissante, profonde. Il fallait un sacré souffle pour écrire ce livre. 

Car l'intrigue est complexe, mais je vous rassure, on ne s'englue jamais dans le roman; La mécanique est bien huilée et ne dérape jamais. C'est ce qui fait toute la différence entre un bon écrivain, et un excellent écrivain. John Hart est un excellent écrivain, et on comprend pourquoi il est l'un des rares auteurs à avoir remporté deux fois l'Edgar Award du meilleur roman policier.

John Hart, La maison de fer, JC Lattès, 490 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Rosier, sorti en 2011 (Etats-Unis) 2013 (France) 

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Le poids du monde, de Joseph Hansen


Joseph Hansen a écrit 40 ouvrages mais il  est surtout connu pour ses whodunits mettant en scène Dave Brandstetter, enquêteur pour la compagnie d’assurance de son père, qui revient dans 12 ouvrages couvrant une période de 21 ans. Hansen s’affiche comme un véritable pionnier, puisque son héros est le premier enquêteur ouvertement homosexuel de l'histoire du polar; Les romans sont écrits dans la plus pure tradition du whodunit, avec un coupable à découvrir dans les toutes dernières pages. Le poids du monde est la première enquête palpitante de Dave. Alors que la tempête fait rage sur la petite ville de Pima en Californie, la voiture de Fox Olson, vedette de la radio locale, est retrouvée au fond d’un arroyo. Mais pas son cadavre. 

Sa femme pense qu’il réapparaitra quand le niveau de l’eau aura baissé. Dave Brandstetter, lui, ne croit ni au suicide ni à l’accident. Il estime que Fox Olson est vivant et qu’il a l’intention de faire profiter sa famille de son assurance-vie. 

Indices subtilement distillés, sens du détail, atmosphère très « années 70 », Joseph Hansen nous offre un formidable moment de lecture ; Tout est ici subtilement et efficacement contrôlé. Du grand art !

Joseph Hansen, Le poids du monde, Rivages, 256 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pascal Loubet, sorti en 1970 (Etats-Unis) 1971 (France) 

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Sans espoir de retour, de David Goodis


David Goodis a produit une oeuvre à l’image de sa triste et courte vie (il est mort d’alcoolisme en 1967 à 49 ans): noire, sombre, sans espoir. Ses courts récits ont pour cadre des endroits glauques, oubliés du rêve américain; Quant à ses personnages, ce sont souvent des hommes seuls et désoeuvrés. Enfin, ne cherchez pas de happy end, il n’y en a pas. David Goodis est un des grands représentants du roman noir qui privilégie la dureté des rapports humains à l’intrigue policière classique. Il est donc, avec Jim Thompson, un modèle pour toute une génération d’auteurs de romans noirs qui vont suivre dans les années 70 et 80.

Sans espoir de retour est une sombre histoire de malfrats et de poivrots dans un quartier appelé à juste titre “l’Enfer”. 

Inutile de s’attarder sur l’intrigue, ce sont les personnages, l’atmosphère, et l’écriture séche et nerveuse qui comptent, car David Goodis avait un certain talent pour raconter des histoires, si glauques soient-elles. Son oeuvre mérite donc toute sa place dans la littérature policière.

David Goodis, Sans espoir de retour, Folio, 256 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Henri Robillot, sorti en 1954 (Etats-unis) 1956 (France) 

On achève bien les chevaux, d'Horace McCoy


Hollywood avant la Seconde Guerre mondiale, le symbole du rêve américain. Robert Syberten rencontre Gloria Bettie. Comme elle, il est figurant au cinéma. Mais loin d'avoir réalisé leurs rêves, ils n'ont eu qu'un long parcours chaotique semé d'échecs. Désœuvrés et sans argent, ils décident de s'inscrire à un marathon de danse dans l'espoir de décrocher les 1 000 dollars de récompense et de se faire remarquer par un des producteurs formant le public quotidien de ces soirées. Il ne leur reste plus qu'à tournoyer des semaines entières au rythme de l'orchestre.

Écrit à la suite de la grande dépression de 1929, On achève bien les chevaux est le premier roman noir d'Horace McCoy. Un court roman choc, qui met littéralement en pièces le rêve américain. Un roman qui n’a d’ailleurs rien perdu de son actualité. 

Ce marathon de danse auquel participent les deux personnages principaux ressemble quand même beaucoup aux émissions actuelles de télé-réalité. Dans ce qu’elles ont de pire. Au final, un roman noir cultissime, indémodable, à lire d’une traite !

Horace McCoy, On achève bien les chevaux, Folio, 224 pages, traduit de l'anglais (Etas-Unis) par Marcel Duhamel, sorti en 1935 (Etats-Unis) 1946 (France)

Prélude à un cri, de Jim Nisbet


Résumer une histoire de Nisbet est toujours difficile, tant ses romans échappent à tous les codes du genre, en l’occurrence le thriller. Comment dire ? L'atmosphère de ce pavé de 600 pages en petits caractères fait penser aux films les plus gores de Quentin Tarantino, du style Boulevard de la mortOui, je préfère vous prévenir tout de suite, certaines scènes sont hard, sanglantes, saignantes. Et le dénouement est une vraie boucherie. De même, l'écriture de Nisbet est très complexe, parfois trop d'ailleurs, mais ce style sophistiqué permet de plonger au plus profond dans son univers complètement à part. Bref, si vous avez envie de "mouiller le maillot", allez-y ! Vous ne serez pas déçus. Tout au long de l'histoire, on oscille entre l'humour noir et l'horreur pure, le fou-rire et la stupeur.


L'anti-héros de cette histoire est alcoolique, feignant, accroc aux prostituées; Un soir, il se laisse séduire par une femme fatale, et se retrouve le lendemain dans un sac de couchage mauve avec un rein en moins. Je ne vous en dis pas plus. Ce n'est pas toujours évident à lire, mais ça ne laisse pas indifférent. Les romans de cet auteur dégagent une atmosphère particulière, inimitable.

Jim Nisbet, Prélude à un cri, Rivages, 610 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Freddy Michalski, sorti en 1997 (Etats-Unis et France)

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Un thé en Amazonie, de Daniel Chavarria


Voici l'un des meilleurs romans de cet auteur cubain, une épopée magnifique, qui mélange des thèmes variés comme l'espionnage, la pharmacologie, la politique, le franquisme.. Un cocktail détonnant, et une galerie de personnages aux destins hors du commun. 

Il fallait un sacré souffle pour écrire une histoire aussi complexe, passionnante de bout en bout, étalée sur des décennies. 

De la campagne espagnole à l'Amazonie, en passant par Cuba et les Etats-Unis, on suit médusés les aventures d'hommes et de femmes qui n'étaient jamais destinés à se rencontrer. 



Les destins se mêlent et se démêlent autour d'une simple feuille d'un arbre qui pousse en pleine forêt d'Amazonie dans des endroits si peu hospitaliers que seuls les Indiens et les chercheurs d'or y accèdent. Cette feuille aux propriétés multiples va faire l'objet de toutes les convoitises au plus haut niveau, en pleine guerre froide.

Une écriture puissante, une intrigue haletante, une œuvre frémissante de beauté: tout est réuni, pour les amateurs de John Le Carré, Ken Follett, ou encore Robert Ludlum.

Daniel Chavarria, Un thé en Amazonie, Rivages, 608 pages, traduit de l'Espagnol (Cuba) par Jacques-François Bonaldi, sorti en 1991 (Cuba) 1996 (France)

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