mardi 27 janvier 2015

La maison en pain d'épices, de Carin Gerhardsen


Sur le fond, ce premier roman est un mélange de whodunit et de thriller psychologique; Le commissaire Sjöberg et son équipe traquent un tueur en série qui assassine des personnes ayant le même âge, et surtout ayant fréquenté la même école maternelle; En parallèle, Petra Westman, qui fait également partie de l'équipe de Sjöberg, semble avoir été la victime d'un violeur en série. Deux enquêtes palpitantes, qui permettent de faire connaissance avec des personnages fouillés et très attachants. 

Sur la forme, j'ai été charmé par le style d'écriture de Carin Gerhardsen, nouvelle recrue de premier plan dans le paysage déjà bien fourni du roman policier suédois. Une écriture très "nature", pleine de vitalité. 

L'auteure fait preuve d'une finesse psychologique et d'une grande sensibilité. Les chapitres sont courts, bien structurés, le récit est fluide, sans gras, sans fioritures, et tout est subtilement et efficacement contrôlé. 

Un premier roman réussi, qui inaugure une série policière prometteuse; Le décor est planté, de fort belle manière.

Carin Gerhardsen, La maison en pain d'épices, 10/18, 336 pages, traduit du suédois par Charlotte Drake et Céline Bellini, sorti en 2008 (Suède) 2011 (France)

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dimanche 25 janvier 2015

L'homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun


"La thèse qui fleurit sur les murs de Bayonne, celle de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu Jokin se faire enlever, n'est qu'une fable invérifiable". La population basque est sous le choc après la disparition inexpliquée d'un jeune militant de l'ETA. Jokin Sasko a t'il été enlevé ? Si oui, par qui ? Comment ? Et surtout pourquoi ? Enfin, est-il seulement vivant ? Et s'il est mort, à qui profite le crime ? Deux journalistes chevronnés vont tenter de répondre à toutes ces questions, basculant ainsi dans un véritable chant de démence et de sang. Sur le fond, Marin Ledun ne prend pas parti, il expose les faits - la disparition d'un militant de l'ETA- et les conséquences de cette disparition: la paranoïa prend le dessus, et parasite les relations humaines; L'instauration d'un climat de terreur engendre la violence, la manipulation, et surtout le mensonge. 

Car quelle que soit la guerre, il n'y a toujours qu'un seul et même perdant finalement: la population civile, qui vit dans la peur et dans le doute. Sur la forme, Marin Ledun n'oublie pas de captiver les lecteurs que nous sommes, et signe un mélange détonnant de thriller politique et de roman noir: personnages fouillés, intrigue taillée au couteau, suspense et rebondissements omniprésents, pas de temps mort, pas de gras, Marin Ledun confirme tout son talent pour mener des récits musclés et percutants. Comme toujours, l'écriture est sèche et nerveuse. 

L'homme qui a vu l'homme, c'est bien mené, c'est dur, c'est tendu, car tous les coups sont permis dans cette guerre sale qui ne dit pas son nom. Bien évidemment, le final ne pouvait être que noir comme le cauchemar. Ce fulgurant roman est inspiré d'une histoire vraie.

Marin Ledun, L'homme qui a vu l'homme, J'ai lu, 507 pages, sorti en 2014.

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mercredi 21 janvier 2015

Le Club des Macaronis, de Steve Lopez


Philadelphie, milieu des années 90: 
chaque dimanche, Augie Sangiamino, ancien sénateur et surtout roi de l'arnaque et de la corruption, invite ses (plus ou moins) loyaux acolytes à manger des macaronis, et à conspirer contre l'avenir; Leur devise, c'est un pour tous, tous pourris. Car au Club des Macaronis, tout le monde brigue une fonction officielle, avec un objectif très simple: remporter les prochaines élections pour pouvoir ensuite s'en mettre plein les fouilles ! Et tous les moyens sont bons pour y parvenir, et plus c'est illégal, mieux c'est, faut quand même pas déconner ! 

Financer une campagne électorale en utilisant l'argent d'une compagnie pétrolière qui semble avoir beaucoup de choses à cacher, pas de problème, on fait ! 

Heureusement qu'il y a des travailleurs honnêtes, tels que la jeune avocate Lisa Savitch et un vieux briscard du FBI Mike Muldoon, pour leur mettre des bâtons dans les roues. 

Journaliste à Philadelphie, Steve Lopez a choisi la voie de l'humour caustique pour dresser un portrait au vitriol des mœurs politiques et des milieux d'affaires de sa ville. Assurément remonté contre les puissants, il ne mégote franchement pas sur la charge qu'il leur assène, et réussit l'exercice de ne pas tomber dans la caricature, ni dans une vision manichéenne des choses. D'autant que les sujets abordés, tels que la pollution industrielle et son impact sur la santé publique, sont très graves. 

Avec un art consommé du récit, Steve Lopez tisse une intrigue complexe, captivante, et a trouvé l'équilibre parfait entre thriller politique, roman urbain, et polar humoristique. Certaines scènes comiques sont d'anthologie. Le Club des Macaronis est une histoire à la fois cocasse et effrayante, mettant en scène des personnages très attachants et plus vrais que nature. Souperbe ! 

Steve Lopez, Le Club des Macaronis, Rivages, 482 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nathalie Mège, sorti en 1997 (Etats-Unis) 2000 (France)

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mercredi 14 janvier 2015

Sailor et Lula, de Barry Gifford


Sailor, vingt-trois ans, vient de purger deux ans dans un pénitencier pour meurtre. Lula, vingt ans, l'attend à la sortie. Mais la mère de Lula, Marietta, a interdit à sa fille de revoir Sailor. Les deux jeunes gens s'enfuient, poursuivis par un étrange détective privé, Johnnie Farragut. La cavale de Sailor et Lula à travers le sud des États-Unis fera prendre conscience à la jeune fille de la noirceur de ce monde si sauvage et cruel. Car les deux amants sont bien mal partis dans une vie qui ne leur fera aucun cadeau, c'est le moins que l'on puisse dire !

Le film est plus connu que le livre; Sailor et Lula, porté à l'écran par David Lynch, a remporté la Palme d'Or au Festival de Cannes 1990. Une oeuvre culte pour toute une génération. 

Pourtant, il faut vraiment lire ce roman noir avant de voir le film; Composé de chapitres courts, ce récit très "Deep South" se déguste d’une traite, tant on se laisse littéralement envoûter par les dialogues et les personnages pétris d'humanité créés par Barry Gifford. Jusqu’au final déchirant, d’un réalisme bouleversant.

Un chef d'oeuvre rempli d'émotions simples à découvrir d'urgence ! Barry Gifford a le sens des dialogues, et sait raconter une histoire, aucun doute là-dessus. Au final, un roman culte suivi d'un film également devenu culte pour toute une génération !

Barry Gifford, Sailor et Lula, Rivages, 292 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Richard Matas, sorti en 1990 (Etats-Unis) 1991 (France)

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vendredi 9 janvier 2015

Juste une ombre, de Karine Giébel


Avec Juste une ombre, Karine Giébel dépoussière totalement le thème classique de la femme qui est traquée, harcelée par un ennemi redoutable, invisible, insaisissable. Cette intrigue très noire, taillée au couteau lui vaut de rejoindre les grandes reines du suspense. 

Ecriture musclée, récit nerveux, sans temps mort, Juste une ombre est une histoire stupéfiante, effrayante qui met en scène deux personnages hors normes: Cloé Beauchamp, une jeune femme harcelée de manière insidieuse par un individu dont le visage est masqué par un foulard et une capuche noire, et Alexandre Gomez, un flic solitaire, marqué par la mort prématurée de sa femme, qui est le seul à prendre au sérieux la menace qui pèse sur la vie de Cloé. Un voyage au bout de l'enfer les attend ! 

Furieux page turner plein de rebondissements subtilement distillés, mais aussi implacable thriller psychologique, Juste une ombre prend littéralement le lecteur à la gorge, de la première à la dernière page. Le final est époustouflant, je suis encore sous le choc !

Karine Giébel, Juste une ombre, Pocket, 601 pages, sorti en 2012.

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mercredi 7 janvier 2015

Profession balance, de Christopher Goffard


"Les balances sont une espèce toujours menacée d'extinction !" Proverbe motard; D'ailleurs l'inspecteur Munoz d'Orange County préfère utiliser le terme d'informateur confidentiel pour parler de sa propre balance, Benny Bunt, l'anti-héros du premier roman plutôt réussi de Christopher Goffard. Benny Bunt aurait aimé être flic, en fait il ne sait pas trop ce qu'il aurait aimé être; Ce qui est sûr c'est qu'il rate sa vie, à cause, selon lui, de la société, ou du manque de chance, ou bien parce que personne n'a su lui tendre la main quand il en avait besoin. Alors il traîne son mal-être dans les bars minables fréquentés par des voyous à la petite semaine et renseigne Munoz sur leurs combines, jusqu'à ce qu'un voyou d'une toute autre envergure débarque... et là les ennuis commencent pour le pauvre Benny !

La critique a défini Profession balance comme étant un mélange de roman noir et de comédie grinçante, un roman tour à tour hilarant et d'un réalisme dérangeant; Après avoir dévoré ce livre, je trouve que l'histoire racontée par Goffard est franchement très noire, malgré quelques passages comiques. Et on ne peut qu'éprouver de la pitié, de l'empathie envers ce pauvre Benny; Le coup de théâtre final est franchement glauque, quelle ironie du sort ! 

Enfin, pour un premier roman, l'auteur maîtrise bien la conduite de son récit, le style est percutant, alerte, Christopher Goffard sait raconter une histoire, et parvient à nous embarquer dans les péripéties de son anti-héros. Et la morale de l'histoire c'est qu'il n'y a pas de morale, et que tout le monde se sert de tout le monde sur cette terre. Dur dur d'être une balance !

Christopher Goffard, Profession balance, Rivages, 384 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Pêcheux, sorti en 2007 (Etats-Unis) 2012 (France)

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lundi 5 janvier 2015

La maison d'à côté, de Lisa Gardner


Un furieux  page turner comme je les aime ! Le genre de récit à suspense qui se lit d'une traite, tellement on a envie d'en connaître la fin ! Sandra Jones, jeune maîtresse d'école et mère modèle résidant dans une banlieue résidentielle de Boston, a disparu. Seul témoin: sa petite fille de quatre ans. L'inspectrice D.D. Warren est chargée de l'enquête, très vite elle sent que le mari de Sandra lui cache des éléments déterminants. Son comportement est plus que suspect. Mais d'autres pistes apparaissent, et l'affaire se complique. Pour le plus grand bonheur des lecteurs que nous sommes !

La maison d'à côté permet à Lisa Gardner d'entrer dans le club très fermé des grandes dames du crime, c'est un récit haletant, sans temps mort, mené avec une dextérité hors du commun. Dès la toute première page du thriller, je me suis laissé emporter par cette enquête à trois voix, jusqu'au coup de théâtre final, de toute beauté. Tout est ici subtilement et efficacement contrôlé, il n'y pas de temps mort, le suspense va crescendo; Lisa Gardner tisse une toile machiavélique et montre une maîtrise impressionnante dans la conduite de son récit. Son meilleur roman à ce jour !

Lisa Gardner, La maison d'à côté, Le Livre de Poche, 528 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Deniard, sorti en 2009 (Etats-Unis) 2010 (France)

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Le saut de l'ange

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Faute de preuves, Harlan Coben

vendredi 2 janvier 2015

Route pour l'enfer, de Craig Holden


Vétéran traumatisé de la guerre du Golfe, Joe Curtis n'aurait jamais dû tomber en panne dans le Dakota, il n'aurait jamais dû faire du stop, et il n'aurait jamais dû accepter de monter dans le fourgon de ce couple très étrange. Il aurait ainsi évité de sacrées embrouilles, qui prendront une ampleur telle que même les services secrets américains seront de la partie. Laissant libre cours à son imagination féconde, le surdoué Craig Holden signe un suspense à grand spectacle, et mêle habilement espionnage stratégique, aventure dans le Grand Nord américain, thriller psychologique et critique sociale. 

Le suspense est omniprésent, le style d'écriture fluide, limpide, et très agréable. Craig Holden s'affirme vraiment comme un meneur d'intrigues hors pair.

Et quand on referme la dernière page du livre, on a vraiment l'impression que l'auteur a su tirer le meilleur de ce qu'il pouvait exploiter tant au niveau de l'intrigue que des sujets abordés. Cela donne un thriller totalement abouti, sans gras, sans temps mort. Il est vrai que l'intrigue est de facture classique, le thème de la secte criminelle est récurrent dans le polar, mais on ne s'ennuie jamais à la lecture de ce thriller.

Craig Holden, Route pour l'enfer, Folio, 560 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch, sorti en 1998 (Etats-Unis et France)

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