mercredi 25 mars 2015

Mémé goes to Hollywood, de Nadine Monfils


L'anti-héroïne de ce roman délirant s'appelle Mémé Cornemuse. Vous situez Tatie Danielle ? et bien, Mémé Cornemuse est une sorte de Tatie Danielle version encore plus destroy que l'originale, Car non seulement c'est une vieille peau au caractère bien trempé, mais en plus elle est obsédée par le sexe, et elle tue les gens qui ne lui plaisent pas. Radical n'est-il pas ? Une mémé killer, une grandma Dalton complètement secouée qui est aussi la première fan de JCVD, alias Jean-Claude Van Damme. Aware la mémé, et encore vous n'êtes pas au bout de vos surprises, croyez-moi !

Mémé Cornemuse sort tout droit de l'imagination franchement barrée de Nadine Monfils, la reine francophone du polar déjanté qui fait mal à votre mâchoire (tellement vous rigolez à la lecture de ses romans si rafraîchissants). 

Mémé goes to Hollywood est la quatrième aventure de Mémé Cornemuse, c'est aussi la plus délirante. Une Nadine Monfils au mieux de sa verve comique nous entraîne dans un tourbillon d'aventures drôlissimes et complètement déjantées, et permet à sa Mémé de réaliser son rêve: rencontrer son idole JCVD en chair et en os. Un rêve qui va tourner au cauchemar, surtout pour Jean-Claude !

Ce que j'aime chez Nadine Monfils, c'est sa philosophie résolument positive et tolérante de la vie, son écriture pleine de vitalité, et sa capacité à alterner les scènes bien crues et une poésie pleine de sensibilité; On rit beaucoup et on s'émeut un peu en lisant Nadine Monfils, enfin surtout on passe de formidables heures de lecture. Un polar poilant truffé de phrases cultes, et une auteure survitaminée, qui égratigne au passage quelques people, tels que la tristement célèbre Nabilla. Du tout bon !

Nadine Monfils, Mémé goes to Hollywood, Pocket, 250 pages, sorti en 2014.

Du même auteur sur ce blog:
Maboul Kitchen 

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dimanche 22 mars 2015

Zodiac Station, de Tom Harper


Du côté du thriller anglo-saxon, la bonne surprise de ce début d'année 2015 vient de Tom Harper avec son captivant Zodiac Station. Un premier thriller réussi, mélange de suspense paranoïaque et de thriller scientifique fort bien documenté. Avec en filigrane, un appréciable message écologique. Car la planète va mal, très mal. Le talentueux Tom Harper exploite très bien un thème très prisé des écrivains de thrillers: le huit clos qui se termine en drame, avec l'unique survivant qui raconte l'histoire. 

Ici, l'action se déroule dans une base scientifique plantée sur une île fictive, au cœur de la banquise de l'océan Arctique. Son nom: Zodiac Station, qui accueille une vingtaine de chercheurs et d'étudiants. 

Le froid, la solitude, le confinement, puis surtout la mort suspecte de l'un des chercheurs de la base: tous les ingrédients sont réunis pour que la paranoïa prenne le dessus sur les décisions rationnelles. Et pour qu'un horrible drame se produise !

Au fil du récit, la tension monte, le mystère s'épaissit, puis les pièces du puzzle s'assemblent pour former une incroyable vérité. Tout est ici subtilement et efficacement contrôlé de la part de l'auteur, qui sait raconter une histoire complexe reposant sur un fonds documentaire solide. Les explications scientifiques sont claires et précises. Et la description des conséquences de la fonte des glaces sur notre planète fait froid dans le dos ! 

Tom Harper, Zodiac Station, Bragelonne, 384 pages, traduit de l'anglais par Claude Mamier, sorti en 2014 (Angleterre) 2015 (France)


dimanche 15 mars 2015

Le piège de Vernon, de Roger Smith


Après avoir refermé la dernière page de ce suspense très noir, très dur, tendu comme une lame de couteau, j'ai ressenti une impression d'inéluctabilité en ce qui concerne l'Afrique du Sud, un pays morcelé, communautarisé, sans classe moyenne: soit on naît très riche et on le reste en se barricadant dans des quartiers surveillés par des sociétés de sécurité, soit on naît très pauvre et on grandit dans la misère et une violence quotidiennes, comme c'est le cas pour Vernon Saul et Dawn Cupido; Et les pauvres étrangers qui ont le malheur de venir vivre dans ce pays y perdent leur âme, comme Nick Exley.

Vernon Saul a grandi dans les Flats, un ghetto du Cap, une ville dans la ville, où les repères du bien et du mal n'existent pas; Seule compte la survie, au détriment des autres. 

Abusé sexuellement par son père durant toute son enfance, Vernon est devenu un adulte sournois et violent, qui n'aspire qu'a dominer ou manipuler les autres; Un jour, il assiste à la noyade d'une jeune fille blanche, alors que son père, Nick Exley, est en train de se défoncer, et que sa mère est dans les bras de son amant; Cette pourriture de Vernon aurait pu sauver cette pauvre fillette, mais il la laisse mourir, fait semblant de la secourir, pour entrer dans la vie de cette famille déjà bien dévastée; Et le piège de Vernon va se mettre en place, pour le pire. 

Le surdoué Roger Smith mélange plusieurs thèmes tels que la douleur, la culpabilité, la virtualité, et bien sûr la violence qui régit un univers redoutable, sans pitié: l'Afrique du Sud. Ses personnages sont englués dans une société qui ne leur permet pas de prendre des décisions rationnelles; Le style d'écriture est précis, détaillé, chirurgical, notamment en ce qui concerne la modélisation 3D; Les mots de Roger Smith sont également durs, impitoyables, certaines scènes sont choquantes, telles des uppercuts qui vous arrivent en pleine face. Un récit à plusieurs voix, nerveux et sans concession, très bien construit. 

Roger Smith, Le piège de Vernon, Le Livre de Poche, 450 pages,  traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Elsa Maggion, sorti en 2012 (Afrique du Sud) 2014 (France)

Je vous conseille aussi:
L'été circulaire, Marion Brunet 

vendredi 13 mars 2015

Sévices, de Ted Lewis


Je le dis franchement: j'ai failli arrêter la lecture de Sévices au bout de la vingtième page. J'avais l'impression de lire la suite d'un roman, sans que l'auteur fournisse une quelconque explication sur ce qu'il s'était produit avant. Je ne comprenais strictement rien à cette histoire de gangster. Heureusement que j'ai persisté, car je serais passé à côté de ce petit chef d'oeuvre, dont l'atmosphère très noire fait penser aux meilleurs David Goodis, Jim Thompson ou encore Robin Cook. Donc du noir, très noir !

Le narrateur à la première personne est un roi du porno qui s'est exilé dans une station balnéaire britannique. Et dans les premières pages, il évoque plusieurs affaires et différents protagonistes, ce qui a le don d'embrouiller un peu le lecteur. 

Le récit est découpé en deux parties qui se chevauchent tout au long du roman: le présent et le passé. Dans le présent, l'auteur habite un pavillon perdu au bord de la mer et sombre peu à peu dans l'alcool et la folie. Le passé nous permet de comprendre les raisons de ce basculement progressif dans la démence. 

Au fil des pages, cette histoire de règlements de comptes entre truands s'éclaircit, l'intrigue prend forme, l'écriture de Lewis devient plus fluide, la tension monte, jusqu'au final époustouflant, un final complètement inattendu "à la Shutter Island". Il faudra plusieurs relectures de certains passages pour saisir toute l'habileté et le talent de cet auteur, mort d'alcoolisme à l'âge de 42 ans. On comprend d'autant mieux pourquoi son anti-héros semble si vrai !!

Ted Lewis, Sévices, Rivages, 360 pages, traduit de l'anglais par Jean Esch, sorti en 1980 (Angleterre) 1993 (France)

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vendredi 6 mars 2015

Le tueur se meurt, de James Sallis


Résumer un roman de James Sallis est une gageure tant cet auteur atypique échappe complètement aux codes du genre; Une voix complètement à part dans le roman noir, notamment au niveau de la construction de ses histoires. Drive a été remarquablement adapté au cinéma (rare pour être noté d’ailleurs !), et  le film retranscrit parfaitement et précisément l’atmosphère sombre, envoûtante qui caractérise les romans de cet auteur hors normes. Un vrai écrivain qui sait manier les mots avec talent !

Le tueur se meurt est un véritable chef d’oeuvre, le meilleur roman de James Sallis à ce jour:  un roman très noir centré sur plusieurs personnages profondéments humains, dont l’auteur dissèque de manière mélancolique les pensées et les rêves: un tueur à gage en fin de vie, un flic surmené, et un garcon abandonné par ses parents qui vit seul dans la maison familiale; Des personnes normales, qui ont toutes subi une perte, un traumastisme, et qui sont engluées dans une ville étouffante, perdue dans le désert; Un décor de solitude et de désolation, qui incite à l’introspection, à la réflexion, mais aussi à la tragédie. Il y a bien sûr un scénario sous-jacent, une intrigue policière très subtile, prenante. Sallis n’oublie pas de captiver son lecteur de polar à énigme.

Le tueur se meurt est une sorte de polar philosophico-métaphysique, dont la mort est bien sûr le sujet de réflexion central, mais pas seulement; C’est plus précisément le côté éphémère de la vie qui ressort, rien ne dure, la stabilité et la sécurité ne sont que des leurres. Une fois cette donnée intégrée, quel sens donner à sa vie? Faut-il d’ailleurs lui en donner un? Et de quelle marge de manoeuve disposons-nous, dans une société technologique de plus en plus “formatée”, où tout va toujours plus vite? Les réponses nous appartiennent. 

En tout cas arrêtez-vous un moment, prenez le temps de vivre et de vous plonger dans la narration hypnotisante de l’auteur. Les mots de James Sallis vous toucheront, et sa perception de la réalité, qui se mêle étrangement aux rêves de ses personnages, ne pourra pas vous laisser perplexe. Un livre puissant, hypnotisant! un roman intelligent tout simplement.

James Sallis, Le tueur se meurt, Rivages, 288 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier et Jeanne Guyon, sorti en 2011 (Etats-Unis) 2013 (France)

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dimanche 1 mars 2015

La Faute, de Paula Daly


A l'instar de S.J. Watson avec son monumental premier suspense Avant d'aller dormir, l'anglaise Paula Daly fait une entrée fracassante dans le thriller avec La faute; Cette physiothérapeute de métier signe un suspense psychologique captivant du début à la fin, et brosse le portrait saisissant de Lisa Kallisto, une femme moderne débordée qui doit sans cesse jongler entre sa vie de famille intense et son métier à plein temps. On sent qu'il y a du vécu là! En effet, de manière plus générale, l'auteure fait preuve d'une remarquable finesse psychologique dans la description des rapports humains qui peuvent exister dans une petite ville de province anglaise. Dès la première page du livre, l'auteure nous plonge dans une intrigue captivante, passionnante de bout en bout, sans temps mort. 

L'héroïne Lisa Kallisto va se transformer en détective privé pour retrouver la fille de sa meilleure amie, alors qu'un violeur en série sévit dans la région; Les personnages semblent tellement vrais qu'on a l'impression qu'ils vont sortir du livre! Paula Daly fait donc preuve d'une maîtrise impressionnante dans la conduite de son récit à suspense; Tout est ici subtilement et efficacement contrôlé, jusqu'à la découverte de la vérité, dans les toutes dernières pages du thriller.

Ce que j'ai aimé, c'est que l'auteur reste simple dans son écriture, dans ce qu'elle veut nous raconter, elle n'en fait pas trop, tout en prenant quand même des risques; Cela donne un premier roman abouti et maîtrisé, qui annonce l'arrivée d'une nouvelle reine du crime anglaise.

Paula Daly, La Faute, Le Cherche Midi, 345 pages, traduit de l'anglais par Florianne Vidal, sorti en 2013 (Angleterre) 2014 (France)

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