lundi 25 juillet 2016

Pandemonium, de Les Standiford


Feu Tony Hillerman avait qualifié ce thriller écologique comme étant "atroce, prenant et implacable". Après avoir lu ce classique du roman-catastrophe, je ne peux que partager son analyse.

"Atroce", oui, complètement, terriblement même, car le scénario catastrophe imaginé par l'auteur fait froid dans le dos. Surtout, on se dit que ça pourrait arriver, que c'est plausible. Années 80, Etat américain du Wyoming: officiellement, la compagnie pétrolière PetroDyne a arrêté la fabrication et le transport d'armes chimiques et bactériologiques. Officieusement, rien ne s'est arrêté, pas question pour la première puissance mondiale de perdre de l'avance sur les russes, guerre froide oblige. Et donc ce qui devait arriver finit par se produire: un camion de la compagnie transportant un virus potentiellement dangereux sort d'une route et s'écrase au bord d'une rivière qui traverse le parc national du Yellowstone. Un accident qui expose toute une population, voire la planète entière, à un risque énorme de diffusion de produits néfastes. Pandemonium peut alors commencer !

"Il courut en direction de la forêt, à moins de cinq cent mètres au sud, percevant de moins en moins distinctement les pas des hommes à sa poursuite, perdus dans le lointain. Jamais il ne s'était senti aussi vivant." "Prenant", oui, Les Standiford orchestre avec brio une course-poursuite haletante, au milieu des paysages magiques du plus grand parc naturel américain. Redonnant ainsi toutes ses lettres de noblesse à la nature. Et véhiculant aussi un appréciable message écologique. Le récit, tendu à l'extrême, est mené avec une dextérité hors du commun. 

Enfin, "implacable", car personne ne se fait de cadeau dans ce roman impitoyable, mélange de suspense sanglant et de thriller politique. La compagnie pétrolière, aidée du gouvernement, met tout en oeuvre pour contenir l'épidémie. Le but n'est pas de sauver des gens, mais d'étouffer un scandale et de pouvoir continuer ses activités illégales. Une bien triste réalité. En outre, le style d'écriture froid, clinique, percutant de Les Standiford colle parfaitement au côté implacable du récit. L'auteur démontre tout son talent pour huiler parfaitement cette véritable mécanique de précision, et camper des personnages qui ont du caractère, du chien: les gentils sont très attachants, et les méchants sont vraiment très très méchants, notamment le tueur chargé du sale boulot. Ultra violent, Pandemonium est au final un polar nerveux, et charpenté, qui dévoile une réalité terrifiante. Un polar des années 80 comme on n'en fait plus !

Les Standiford, Pandemonium, Rivages, 336 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Olivier Schwengler, sorti en 1990 (Etats-Unis) 1992 (France)

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