Le Cercle de la Croix fait partie de ces romans dont j'entends parler depuis fort longtemps. Salué à sa sortie en 1997 comme un chef d'oeuvre incontestable et inconstesté de la littérature policière et historique. Un roman majeur qui a complètement renouvelé le genre. Dans l'univers du roman policier historique, il y aura clairement eu un avant et un après Le Cercle de la Croix. Alors forcément, mon niveau d'attente était très élevé lorsque je me suis attaqué à la lecture de ce monstrueux bestseller de presque mille pages dans sa version poche. Alors quel est mon verdict sur ce roman culte d'une intelligence, d'une érudition et d'une maîtrise exceptionnelles ? La réponse se trouve dans la question, comme dirait l'autre. Dès les premières pages, j'ai vite compris que j'avais entre les mains un roman définitivement pas comme les autres.
Petit conseil d'ami avant de plonger tête la première dans l'Angleterre du XVIIe siècle: il faut avoir du temps pour pouvoir lire ce roman touffu, complexe, et surtout fascinant. Mais j'insiste quand même sur la complexité et la densité de ce pavé. Le Cercle de la Croix n'est pas d'une lecture évidente, il faut, si j'ose m'exprimer ainsi, mouiller le maillot pour pouvoir tirer la quintessence de cette fresque historique hors du commun. Et ne pas trop étaler sa lecture dans le temps. Sinon vous risquez de vous engluer dans les histoires racontées par Iain Pears. Des histoires stupéfiantes mettant en scène de nombreux personnages qui ont tous leur importance.
Rien n'est laissé au hasard dans ce livre érudit écrit par un auteur surdoué qui s'est appuyé sur un solide fond documentaire. Car c'est toute une époque qui est ici restituée dans ses moindres détails, et dans sa dimension historique, politique, sociologique. Voire même psychologique. l'Angleterre du XVIIe siècle comme si vous y étiez, un portrait complet, à la fois fascinant et effrayant. Incroyable, hallucinant.
Un crime, commis au sein de l'université d'Oxford, quatre témoins, à chacun sa vérité. Quatre versions différentes d'une même histoire, ou plutôt d'une même époque. Le premier témoignage est celui de Marco da Cola, gentilhomme vénitien, qui séjournait à Oxford au moment des faits. Son récit des événements sera tout d'abord contredit par celui du jeune Jack Prescott, qui cherche des preuves de l'innocence de son père accusé d'être un traître à la patrie. Puis par celui du Docteur John Wallis, espion au service de sa Majesté. Et enfin par celui de l'historien John Wood. Le tout formant une intrigue magistralement entrelacée jusqu'à la fin, imaginée par un esprit brillant. Une intrigue remarquablement construite, foisonnante, où s'enchevêtrent des thèmes très variés.
Car dans ce polar historique puissant, il s'agit moins pour Iain Pears de trouver le ou les coupables que de dresser le portrait saisissant d'un pays à la croisée des chemins, mais englué dans des luttes de pouvoir incessantes. Déjà à cette époque, Londres est clairement à part dans tous les domaines. Le reste du pays est écartelé entre misère, violence, et obscurantisme d'un côté, et l'avènement d'un certain progressisme, de l'autre, notamment dans le domaine scientifique. En effet, l'auteur décrit avec une grande précision, l'essor difficile mais bien réel de la médecine scientifique, des mathématiques, de la chimie, et d'une certaine philosophie humaniste.
Au final, Le Cercle de la Croix séduit tout autant par son intrigue d'une extraordinaire complexité que par son écriture pleine de coups de théâtre et de vitalité. Oui, nous sommes bien en présence d'un chef d'oeuvre de la littérature policière et historique. Un roman culte qui aura marqué à jamais le genre. C'est mon roman préféré de cette année 2022, qui se termine donc en fanfare.
Iain Pears, Le Cercle de la Croix, Pocket, 928 pages, traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte, sorti en 1997 (Angleterre) 1998 (France)
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