vendredi 5 décembre 2014

Le petit bleu de la côte Ouest, de Jean-Patrick Manchette


Le premier mot qui me vient à l'esprit pour définir le très regretté Jean-Patrick Manchette, c'est précurseur. Traducteur, journaliste, critique littéraire, scénariste, ce touche-à-tout a créé dans les années 70 le néo-polar, ou roman noir à la française; En 1993, il définira le bon roman noir comme "un roman de critique sociale, qui prend pour anecdotes des histoires de crimes". Autrement dit, Manchette profite de ses histoires criminelles pour porter un regard acéré et critique sur son époque. Ces romans sont donc toujours aussi surprenants qu'intelligents !

Le petit bleu de la côte Ouest entre clairement dans ce schéma, et raconte les aventures d'un cadre commercial lambda, qui se retrouve embarqué bien malgré lui dans une sombre histoire de gangsters. 

Comme à chaque fois, c'est tendu, c'est bien écrit, c'est bien mené, ça va à l'essentiel; pas de gras, pas de temps mort, ce court récit, jalonné de références au jazz West Coast, se lit d'une traite. On retrouve vraiment tout ce qui fait le charme des romans noirs de l'auteur.

Ecrit en 1976, en plein septennat giscardien, Le petit bleu de la côte Ouest aborde subtilement, implicitement, le malaise des cadres dans une société qui se libéralise de plus en plus; Pour moi, cela reste le chef d'oeuvre d'un auteur qui aura marqué à tout jamais de son empreinte le polar, par l'atmosphère inimitable de ses romans. 

Jean-Patrick Manchette, Le petit bleu de la côte Ouest, Folio, 196 pages, sorti en 1976.

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