mardi 1 septembre 2015

Génération Armageddon, de Roger Simon


"J'étais redevenu le bon vieux Moses Wine - l'homme moderne, athée, hédoniste, ambivalent et fier de l'être, celui qui batifolait sur le chemin de la vie, sans s'arrêter jamais pour se poser trop de questions d'ordre cosmique". Cette phrase décrit bien la personnalité de ce sympathique détective privé tout droit sorti de l'imagination débordante de Roger L. Simon, qui l'a mis en scène dans huit enquêtes remplies d'humour caustique. On est clairement dans le bon vieux polar d'atmosphère, comme je les aime. 

Génération Armageddon est l'un des sommets de la série: à la fin des années 80, Moses Wine est embauché par l'Amicale arabo-américaine pour retrouver l'assassin d'un éminent leader de la cause palestinienne. 

Une enquête à haut risque qui va le conduire sur les traces d'un jeune illuminé dans les rues mythiques de Jérusalem. Le privé va devoir garder les pieds sur terre s'il ne veut pas perdre la vie, et la foi... en lui-même ! 

Sur le fond, Génération Armageddon repose sur une intrigue complexe, et des personnages ambigus à souhait; Un mélange de polar d'enquête et de roman d'espionnage, sorte d'OSS 117 nid d'espions mais... à Jérusalem. L'atmosphère trouble, "mystique" de cette ville est magnifiquement retranscrite par l'auteur. 

Sur la forme, si vous aimez les polars de Kinky Friedman, vous aimerez ceux de Roger L. Simon: le même humour cynique, le même regard désabusé sur le monde, une critique acerbe du matérialisme américain, un style d'écriture imagé. Roger L. Simon parvient à l'instar du Kinkster à imprimer une atmosphère très marquée à ses polars. Génération Armageddon est donc un polar dépaysant et intelligent. Et parfois carrément philosophique, dans le bon sens du terme. 

Roger Simon, Génération Armageddon, Rivages, 320 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Frank Reichert, sorti en 1988 (Etats-Unis) 1994 (France)