samedi 18 juin 2016

Ballet d'ombres à Balboa, de Jack Trolley


Loin de moi l'idée de faire de la réclame pour tel ou tel éditeur, ce blog est totalement indépendant. Mais la collection Rivages thriller (grands formats) et la collection Rivages noir (livres de poche) sont parmi les plus complètes en matière de polar américain. François Guérif, le directeur de ces deux collections, peut être fier de ce qu'il a fait, et de ce qu'il continue à faire. On y trouve des auteurs connus tels que James Ellroy, Dennis Lehane, et James Lee Burke, des auteurs un peu moins connus mais très bons comme William Bayer, Craig Holden, ou encore Mark Haskell Smith. Et des étoiles montantes comme Emily St-John Mandell ou Sean Doolittle. Et moi qui suis fan des polars d'atmosphère américains des années 80-90, je suis servi, car ces collections regorgent de véritables pépites, de chefs d'oeuvre à dévorer d'urgence: Il faut tuer Suki Flood de Robert Leininger, Ici commence l'enfer de John Ridley, ou Captain Butterfly de Bob Leuci. Enfin, on y trouve des "one-shots" écrits par des auteurs peu connus, des polars d'atmosphère très ancrés culture US, dont l'action se déroule dans un microcosme précis, souvent un comté (Orange dans Le Rideau orange de John Shannon,) une ville ( Chicago dans Le point limite de John Wessel) ou même un quartier, comme Balboa (ville de San Diego, Californie du sud) dans Ballet d'ombres à Balboa, pur polar d'atmosphère américain des années 90.

Jack Trolley nous ouvre donc une minuscule fenêtre spatio-temporelle, qui permet de plonger dans le San Diego des années 90. Le sergent Donahoo, personnage principal du roman auquel vous vous attacherez immédiatement, reçoit une lettre anonyme qu'il décide de prendre très au sérieux. L'expéditeur du message menace de faire sauter l'aéroport de la ville. Pourquoi ? Parce que cet aéoport est situé juste à côté de Balboa Park, quartier autrefois prospère de la ville. Mais de plus en plus déserté à cause du bruit insupportable des avions qui le survolent en permanence. Si l'aéroport n'est pas déplacé dans les six mois, le terroriste promet un véritable carnage. Donahoo doit donc s'activer pour démasquer ce mystérieux corbeau. Pour ce faire, il va devoir s'immerger dans un quartier en pleine mutation, peuplé de personnages plus ou moins sympathiques !

Ballet d'ombres à Balboa commence donc comme un whodunit de facture classique, mais très vite, sort des sentiers battus, et devient un mélange de polar humoristique et de roman noir urbain. Un polar de quartier pétri d'humanité où les destins s'enchevêtrent pour le meilleur et pour le pire. Un livre plus centré sur les comportement humains que sur l'enquête policière. En outre, Jack Trolley sait raconter une histoire, et son écriture est pleine de vitalité. Ballet d'ombres à Balboa n'est donc pas un fast and furious page turner plein de rebondissements improbables. Non, c'est plutôt un polar d'atmosphère s'appuyant sur des personnages attachants et plus vrais que nature. Un polar intelligent qui retranscrit parfaitement les mutations sociales et urbaines pouvant survenir dans une ville américaine. Un livre atypique  qui se savoure tranquillement, sans se presser.

Jack Trolley, Ballet d'ombres à Balboa, Rivages, 300 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Stéphane Carn, sorti en 1994 (Etats-Unis) 2001 (France)

Je vous conseille aussi:
Le Rideau orange, John Shannon
Le point limite, John Wessel

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