Au revoir là-haut fait partie de ces incontournables de la littérature française dont j'entends parler depuis fort longtemps. Un roman désormais culte, prix Goncourt 2013, et dont l'adaptation cinématographique a également rencontré un grand succès critique et populaire. Bref tous les ingrédients étaient réunis pour entamer la lecture d'Au revoir là-haut de façon sereine et enthousiaste. Avant de voir le film. Je préfère toujours lire le roman avant de voir le film. Et bien sûr, mon niveau d'attentes était élevé eu égard au succès rencontré par ce livre. Considéré comme l'un des plus grands romans noirs jamais écrits sur l'après-guerre de 14. Mon verdict est sans appel: Au revoir là-haut est bien un chef d'oeuvre, un livre d'exception, d'une intelligence hors du commun, un fulgurant roman historique d'une noirceur absolue. Et à l'intrigue époustouflante.
D'ailleurs, ce n'est pas qu'un roman de l'après-guerre de 14, comme je l'ai souvent entendu. La première partie se déroule bien pendant la guerre, juste avant l'armistice. L'auteur nous emmène dans l'univers terrifiant des tranchées du Grand Est. Deux soldats français, Albert et Edouard, vont échapper de peu à la mort. Il faut dire que l'ennemi ne se trouve pas seulement dans le camp d'en face, mais également dans leurs propres rangs. Et en la personne d'Henri Aulnay-Pradelle. Une pourriture de la pire espèce. Croyez-moi, vous allez adorer le détester.
Et l'on sent bien qu'Albert et Edouard, devenus à la fois magnifiquement et tristement inséparables depuis la fin de la guerre, finiront par croiser de nouveau la route d'Henri, directement ou indirectement, subtilement ou frontalement. Mais c'était écrit. Par un Pierre Lemaitre au sommet de son art, qui, avec des personnages forts et un scénario diablement efficace, signe une histoire très habile aux multiples facettes, et saisissante d'émotion. Mais aussi une fresque épique et sombre sur la France d'après-guerre de 14, qui préfère glorifier ses morts plutôt que d'aider ses survivants. Dont la plupart sont physiquement et mentalement bien mal-en-point. L'auteur décrit un pays dévasté, en manque de tout. Avec des inégalités sociales qui s'accentuent.
Au final, ce roman puissant, en partie vrai, écrit dans un style incandescent, avance de plus en plus tendu et juste, jusqu'au dénouement inoubliable. Globalement, l'auteur montre une maîtrise impressionnante dans la conduite de son récit. Tout est ici subtilement et efficacement contrôlé. Les cent dernières pages du livre atteignent des sommets d'intensité dramatique rarement atteints dans le roman noir historique.
Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Le Livre de Poche, 615 pages, sorti en France en 2013.
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