vendredi 19 janvier 2024

Liquidations à la grecque, de Petros Markaris

 

Dans la catégorie polars cultes et intemporels, je demande Liquidations à la grecque de Petros Markaris, mon opus préféré de cette série policière consacrée à l'attachant commissaire Kostas Charitos. Qui, accablé par la chaleur, déambule dans les rues embouteillées d'Athènes à la recherche d'un insaisissable coupeur de têtes. En effet, plusieurs personnalités du monde de la finance sont retrouvées décapitées, tandis que des tracts inondent la capitale grecque, appelant les clients des banques à ne plus rembourser leurs dettes. Il faut dire que le contexte de l'époque est plus que tendu, l'action de ce polar se déroulant en 2010, en pleine crise de la dette publique grecque. Aidé par le FMI et l'Union européenne, le gouvernement grec doit, en contrepartie, mettre en place des mesures d'austérité qui provoquent la colère d'une grande partie de la population. 

Et donc, l'enquête de notre pauvre commissaire Charitos, encore plus bougon que d'habitude, s'annonce corsée, dans la mesure où la liste des suspects potentiels est aussi longue que celle des nombreux grecs ayant des dettes à rembourser auprès de leurs banques. Mais Charitos est aussi têtu et tenace qu'Adriani, son épouse, est vaillante et redoutable. 

Plus qu'un roman policier, ce livre raconte de l'intérieur à quoi ressemblait le pays durant la crise financière. Les rebondissements de l'enquête se doublent d'un portrait lucide et acéré de la Grèce, écartelée entre la misère grandissante, le chômage, la xénophobie, et une dépendance totale vis-à-vis de l'extérieur pour régler des problèmes financiers majeurs. Au final, Liquidations à la grecque est aussi passionnant dans sa mécanique purement policière que dans son arrière-fond social et géo-politique. Avec, en prime, un personnage principal pétri d'humanité auquel on ne peut que s'attacher.

Petros Markaris, Liquidations à la grecque, Points, 360 pages, traduit du grec par Michel Volkovitch, sorti en 2010 (Grèce) 2012 (France)

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