Le texan Joe R. Lansdale est actuellement l’un des meilleurs écrivains vivants de romans noirs. Meneur d’intrigues hors pair, dialoguiste de talent, il n’a pas son pareil pour raconter des histoires passionnantes, et il est autant capable d’écrire des polars décalés pleins d’humour que des romans très noirs, abordant des sujets graves. Les marécages, aussi bien roman
noir historique que thriller, et dont l’action se situe dans l’East Texas des
années 30, parle de la Grande Dépression, de la misère qui en découle, et du
terrifiant Ku Klux Klan. C’est aussi un hommage au chef d’œuvre de Davis Grubb,
La nuit du chasseur. Le narrateur est un
pré-adolescent qui nous raconte une histoire franchement glauque – un tueur en
série de femmes – mais avec des yeux encore
innocents, des mots purs, ce qui permet d’injecter un peu d’humanité dans
l’intolérable.
Car certaines scènes sont insupportables, comme la pendaison d’un noir accusé à tort d’être le tueur. Parce que ça arrange tout le monde, dans une communauté rurale inculte et ségrégationniste. A côté de ça, tous les ingrédients du très bon thriller sont présents: des meurtres, des indices et du suspense savamment dosés, et un coup de théâtre final auquel je ne m'attendais pas du tout.
Un thriller de très grande qualité, mais aussi un roman historique qui retranscrit parfaitement l'atmosphère impitoyable du Deep South des années 30. Les marécages a remporté l'Edgar Award du meilleur roman policier de l'année 2001. Indispensable pour tout amateur de polars qui se respecte !
Joe R. Lansdale, Les marécages, Folio, 400 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Blanc, sorti en 2000 (Etats-Unis) 2002 (France)