lundi 12 octobre 2015

Un froid d'enfer, de Joe R. Lansdale


"Je suis kidnappé par des aliens... pensa-t-il. Et je vais me retrouver sur une table d'opération avec des pinces à salade pour m'écarter les fesses, et un doigt d'extraterrestre, froid et humide, planté dans le fion..." Cette phrase résume bien l'état d'esprit qui règne dans ce polar décalé à souhait. Vous l'aurez deviné, Lansdale, l'auteur culte texan, ne fait jamais dans la dentelle, son style est cru, alerte et percutant. C'est un formidable conteur, capable de vous embarquer dans des histoires bien tordues, et parfois franchement noires aussi. 

Ici, dans Un froid d'enfer, on est plus dans le polar décalé, déjanté, que dans le pur roman noir. Même si l'histoire de Bill, l'anti-héros de ce livre, est au final assez cruelle et totalement désenchantée. 


Sur le fond, ce conte moderne raconte les aventures d'un vrai looser, un jeune raté du nom de Bill Roberts. Dans l'ordre, le Bill en question garde le cadavre de sa mère dans la baraque familiale pour continuer à toucher les allocations de retraite de cette dernière. La combine marcherait, si notre Bill savait imiter correctement la signature de la vieille pour pouvoir encaisser les chèques... Alors du coup il braque avec d'autres potes aussi loosers que lui une cabane à pétards la veille de la fête nationale américaine. Mais bien sûr, ça foire, le pauvre Bill s'enfuit, poursuivi dans le bayou par un shérif coriace, pour finalement atterrir dans une foire aux monstres, dirigée par un certain Frost et sa compagne Gidget. Et après, c'est sauve-qui-peut, et un "pas happy end" du tout pour Bill ! 

Sur la forme, avec Lansdale, on est plus dans la verve d'un Jean-Marie Bigard au mieux de sa forme, que dans celle plus raffinée d'un Pierre Palmade. C'est "franc du collier", c'est direct, c'est teigneux, c'est texan quoi! Et bien sûr, on retrouve l'influence des comics (Lansdale est scénariste de comics). Celui-ci a d'ailleurs battu son record personnel du nombre de scènes de cul torrides dans un même livre! La testostérone de l'ami Joe devait être à son maximum au moment de l'écriture. Ne vous fiez donc pas au titre du livre, c'est chaud bouillant à tous les niveaux! Au final, Un froid d'enfer, c'est Adam et Eve revisités à la sauce destroy. Et ça se lit avec grand plaisir, comme toujours avec Lansdale.

Joe R. Lansdale, Un froid d'enfer, Folio, 320 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Blanc, sorti en 1999 (Etats-Unis) 2008 (France)

Du même auteur sur ce blog:
Juillet de sang ; Les marécages

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