jeudi 13 octobre 2016

La peine capitale, de Santiago Roncagliolo


L'action de ce polar historico-politique se déroule principalement à Lima, la capitale du Pérou, pendant la coupe du monde 1978. Ce polar vit donc au rythme des matchs de l'équipe nationale péruvienne engagée dans la compétition, qui se déroule en Argentine. 1978 est une année charnière pour le Pérou: la fin de la dictature militaire et le début de la démocratie avec l'organisation d'élections pour que la population choisisse son propre gouvernement. Le Pérou fait figure d'exception, car tous les pays voisins sont encore dirigés par les militaires. Notamment l'Argentine. Le jeune assistant-archiviste Félix Chacaltana Saldivar baigne depuis tout petit dans l'ordre et la discipline, donc fatalement, l'imprévu et le changement, il n'aime pas. Sa vie est réglée comme une horloge suisse. 

Malheureusement, le pauvre Félix va se retrouver embarqué bien malgré lui dans une sordide histoire de meurtres et de complots, avec en prime un voyage terrifiant en terre argentine. Santiago Roncagliolo signe un très bon polar qui dévoile tout un pan de l'histoire sud-américaine. Le pan obscur, peu glorieux: des dictatures militaires qui s'entraident dans l'horreur, traquant et éliminant les "subversifs", c'est-à-dire les opposants aux régimes. Pauvre Félix: Candide au milieu des requins. L'apprentissage de la vérité va être dur pour ce modeste fonctionnaire, qui travaille dans le sous-sol poussiéreux des archives du palais judiciaire. Aux ordres d'un chef paresseux et alcoolique qui passe son temps à parler football, alors que Félix n'aime pas le football. 

La peine capitale est donc un mélange réussi de whodunit, roman noir historique, et thriller politique. Il y a également beaucoup d'humour dans ce livre, malgré un contexte lourd, chargé de faits historiques terrifiants. On suit avec beaucoup de plaisir les déboires sentimentaux et professionnels de l'attachant Félix, personnage pétri d'humanité, et finalement plus complexe qu'il n'y paraît. Sur la forme, l'écriture de l'auteur est limpide: un style simple, au service d'un récit fluide, remarquablement construit. Santiago Roncagliolo s'impose, avec La peine capitale, comme un auteur de polars de tout premier ordre. Le final est très réussi, chargé en émotions.

Santiago Roncagliolo, La peine capitale, Métaillié, 384 pages, traduit de l'espagnol (Pérou) par François Gaudry, sorti en 2014 (Espagne) 2016 (France)

Je vous conseille aussi:
Condor, Caryl Férey
Mala Vida, Marc Fernandez

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire