mercredi 22 février 2017

Le sang des pierres, de Johan Theorin


Aux jungles des grandes villes, le suédois Johan Theorin préfère l'île baltique d'Öland, et la beauté sauvage de sa nature, magnifiquement restituée par une écriture lumineuse. Autres marques de fabrique de cet auteur surdoué: une intrigue qui entrecroise habilement le passé et le présent, qui ne dévoile ses secrets que dans les toutes dernières pages du livre, et qui met en scène des personnages meurtris par la vie. En effet, il ne m'a pas fallu lire beaucoup de pages pour vite me rendre compte que je tenais entre mes mains un thriller pas comme les autres. Un thriller hors norme, fascinant, envoûtant, ce type de polar qui me rassure sur le fait que je ne pourrai jamais me lasser du roman policier. En effet, même le plus blasé des lecteurs de polars sera littéralement happé par ce huit-clos d'atmosphère, très bien écrit.

Peter Mörner et Vendela Larrson sont voisins, habitants d'un petit village niché au bord d'une ancienne carrière de pierres, sur l'île d'Öland. Peter est divorcé, et père de deux enfants, dont une fille qui est atteinte d'une grave maladie. Le pauvre Peter va se retrouver embarqué dans une sombre histoire de meurtres, rattrapé par le passé sulfureux de son père Jerry, ancien roi du porno suédois. Vendela, native de l'île d'Öland, est une femme fragile, mariée à un pervers narcissique de la pire espèce. Afin d'oublier un mariage désastreux, Vendela s'invente un monde imaginaire peuplé d'elfes, de trolls et de princesses. Mais elle aussi va être rattrapée par son passé familial chargé. Deux écorchés vifs qui vont s'unir sur une île magique.

Le sang des pierres est un suspense puissant qui se distingue clairement de la production standard. En effet, Le sang des pierres a tous les avantages du fast and furious book sans les inconvénients. Johan Theorin ne lésine ni sur le suspense, ni sur la tension qui grimpe inexorablement  jusqu'au final haletant. Mais l'auteur ne tombe jamais dans la facilité. On n'est pas du tout dans le thriller commercial, superficiel. Les personnages sont fouillés, et l'intrigue très subtile. Il y a de la profondeur, de la substance dans ce polar. Dans une oeuvre frémissante de beauté où les destins s'enchevêtrent, l'auteur démontre la possibilité de mêler le magique, le sordide, et le psychologique. Car vous ne trouverez pas beaucoup de romans qui mélangent légendes des elfes, univers trouble de la pornographie, et relations humaines, notamment familiales.  Au final, un thriller riche et totalement abouti ! 

Johan Theorin, Le sang des pierres, Le Livre de Poche, 528 pages, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, sorti en 2010 (Suède) 2011 (France)

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