mercredi 16 janvier 2019

Aller simple pour Nomad Island, de Joseph Incardona


Pourtant, sur le papier, les choses se présentaient plutôt bien pour cette famille suisse en apparence parfaite: un séjour tout compris en hôtel-club sur une île paradisiaque au large de La Réunion. Une destination de rêve pour le farniente. Et bien non, en réalité Nomad Island c'est plutôt le Club Med version destroy, croisement maléfique entre 1984, L'île du docteur Moreau et The Island. Joseph Incardona nous livre ici un huis clos cauchemardesque à l'atmosphère malsaine et suffoquante, et ce du début à la fin. Et n'espérez pas un happy end à cette histoire, ce n'est pas trop le genre de la maison. Aller simple pour Nomad Island n'est donc pas un thriller psychologique au sens strict du terme. Alors oui, il y a de l'action, du suspense, des rebondissements, et l'atmosphère de paranoïa propre à un huis clos digne de ce nom. Mais surtout, il y a de la réflexion dans ce roman, des questions sociales qui sont posées: la quête de perfection dans une société basée sur la performance et la compétition, la recherche d'un bonheur aseptisé à tout prix, et la violence de la dynamique familiale. Aller simple pour Nomad Island est donc plus un roman noir, une satire sociale de certaines moeurs contemporaines, une allégorie de ces catégories sociales privilégiées qui vivent dans un monde aseptisé déconnecté de la réalité !

Sur la forme, c'est un roman plutôt court composé de chapitres également courts qui maintiennent une certaine tension, un certain suspense, et surtout un malaise grandissant. Le style d'écriture de l'auteur est difficile à définir. Un style à la fois cru et raffiné, très noir, très froid, mais également très rythmé, avec un sens du détail qui permet aux lecteurs de s'immerger profondément dans l'ambiance sombre du roman. Oui, vous l'aurez compris, Joseph Incardona est un auteur à part qui ne fait pas dans la dentelle, et dont les écrits sans concession donnent à réfléchir. Dans Aller simple pour Nomad Island, l'auteur met à nu une famille riche qui se disloque complètement dans un environnement angoissant. Noir comme le cauchemar ! 

Joseph Incardona, Aller simple pour Nomad Island, Seuil, 272 pages, sorti en 2014

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