samedi 13 octobre 2018

Emma dans la nuit, de Wendy Walker


Le plus dur pour un auteur, c'est de confirmer. Et la difficulté est souvent proportionnelle au succès du premier roman. Tout n'est pas perdu, un thriller bluffant sur les mécanismes de la mémoire et du syndrome post-traumatique a rencontré un très grand succès. Un bestseller dans le monde entier qui sera prochainement adapté au cinéma. Wendy Walker était donc attendue au tournant lors de la parution de son deuxième thriller psychologique Emma dans la nuit. Pari gagné ou perdu ? Pour moi, c'est pari gagné, même si j'ai préféré Tout n'est pas perdu. Mais on retrouve dans Emma dans la nuit tout ce qui fait la force de cette écrivaine américaine: un style d'écriture limpide et tranchant, au service d'un récit remarquablement construit et centré sur la psychologie des personnages. 

Implacable suspense, Emma dans la nuit raconte en gros l'histoire d'une famille psychologiquement perturbée. Au travers d'une intrigue riche en suspense et en rebondissements, l'auteure analyse la violence de la dynamique familiale, le mal être adolescent, et le trouble de la personnalité narcissique. Une nouvelle fois, Wendy Walker nous entraîne dans les méandres tortueux de la psyché humaine avec une finesse et une intelligence hors du commun. Et la construction du récit permet à l'auteur de tisser une toile diabolique, de distiller un suspense d'une rare efficacité, et de dévoiler petit à petit une vérité inattendue et insoutenable. 

Je vous résume l'intrigue: Emma et Cass Tanner, deux adolescentes âgées respectivement de 17 et 15 ans, qui vivent sous la coupe de leur mère psychotique Judy, disparaissent le même jour. Trois ans plus tard, seule Cass revient à la maison. Et raconte à la psychologue Abigail Winter son incroyable histoire. Mais Abigail, qui a également été victime d'un mère narcissique, s'intéresse de très près à Judy Tanner. Il y a des fruits pourris dans toute la famille. Cass et Abigail, deux voix pour une même histoire, deux récits qui alternent de chapitre en chapitre, deux points de vue différents, deux perceptions de la réalité; Cassandra Tanner qui, de l'intérieur, dépeint une famille dysfonctionnelle dirigée par une mère pratiquant le chantage affectif. Et Abigail qui donne son point de vue extérieur sur cette famille et apporte un regard lucide et expérimenté permettant de déceler la vérité effroyable. Au final, Emma dans la nuit est un suspense psychologique de bonne facture, très bien écrit, et qui confirme tout le talent de Wendy Walker pour raconter des histoires sombres et fortes.  

Wendy Walker, Emma dans la nuit, Sonatine, 312 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Karine Lalechère, sorti en 2017 (Etats-Unis) 2018 (France)

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