lundi 16 novembre 2020

Quitter Zell, de Wolf Haas

 

"Mais me voilà en train de parler des tchèques alors que les deux victimes venaient d'Amérique. Le couple possédait une usine à Détroit. Et le gendre des deux américains, Antretter, était propriétaire des fameux télésièges sur lesquels on les avait retrouvés."

"Mais il faut quand même que tu saches une chose. Brenner était irrité, mais pas seulement à cause de Mandl. Ecoute un peu. Voilà comment les choses se sont passées."

Mais qui est donc le narrateur de l'histoire ? Wolf Haas lui-même. Au début, je pensais que l'écrivain s'était invité dans sa propre fiction. Qu'il en était l'un des personnages principaux. Mais non, pas du tout, Wolf Haas ne pratique pas l'autofiction, mais il aime entrer en contact direct avec ses lecteurs. 

L'auteur autrichien adoptera donc ce ton familier tout au long de ce whodunit rondement mené, c'est sa façon à lui de raconter une histoire. J'ai trouvé cela très original, très sympathique, très réjouissant. Et puis, on se rend vite compte aussi que Wolf Haas a beaucoup d'affection pour son personnage fétiche, le détective Simon Brenner. Quitter Zell est la première des six enquêtes mettant en scène cet enquêteur iconoclaste, qui se fie entièrement à son intuition pour résoudre des énigmes. On est très loin du détective purement cartésien, mesuré, scientifique. Chez Brenner, il n'y a pas de méthode, ça part dans tous les sens, c'est décousu. Le détective avance par à-coups, mais finit par découvrir la vérité, à sa manière !

L'action se déroule exclusivement à Zell, une station de ski autrichienne en apparence tranquille. Brenner s'y rend d'abord en tant que policier pour faire la lumière sur la mort mystérieuse d'un couple de riches américains. L'enquête n'aboutira pas, et Brenner démissionne. Neuf mois plus tard, le jeune homme revient à Zell en tant qu'enquêteur pour les assurances. Cette fois-ci, il restera longtemps à Zell, trop longtemps. Mais il finira par découvrir la vérité, après avoir rencontré de bien étranges personnages !

Quitter Zell est un bon vieux polar d'atmosphère des années 90 comme je les aime. C'est très bien écrit dans un style original, mais limpide, précis, au service d'un récit parfaitement maîtrisé. Tout est subtilement et efficacement contrôlé de la part de Wolf Haas qui distille savamment les indices. Il y a de l'action, du suspense, et une bonne dose d'humour, laconique, caustique. Au final, un whodunit rural pétri d'humanité, et rempli de personnages singuliers qui valent le détour. Avec en haut de l'affiche le désabusé Simon Brenner, un détective imprévisible qui marche à l'intuition, au ressenti, aux émotions. 

Wolf Haas, Quitter Zell, Rivages/Noir, 174 pages, traduit de l'allemand (Autriche) par Marie Reygnier, sorti en 1996 (Autriche) 2007 (France)

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