"Aucun répit, c'est ce que je me suis dit. Vivre, c'est être sur ses gardes en permanence, comme un animal, comme l'homme qui habite les terres sauvages du Nord."
Aucun répit pour David McCae, qui va passer l'épreuve du feu dans cette histoire âpre et vertigineuse, à l'image de son saisissant décor, le Nord américain. Et le pauvre David part de loin, de très loin, ce jeune homme est fragile psychologiquement, sa petite amie vient de le quitter, sa carrière d'écrivain est au point mort. Alors quand son éditeur lui demande de terminer les mémoires du gouverneur Andrew Kearny, David n'a pas d'autre choix que d'accepter. De se rendre en Alaska pour y interviewer Dick Carlson, un ancien alpiniste mondialement célèbre pour ses exploits, et surtout grand ami du gouverneur.
Le choc est terrible pour David, un vrai citadin, un new-yorkais habitué au bruit, à la foule, rassuré par cette agitation constante qui secoue la métropole américaine. Le jeune homme se retrouve coincé dans un camp de chasse perdu au fin fond de l'Alaska. C'est le Nord ! Le froid, la solitude, les grands espaces, les animaux, dont certains sont de redoutables prédateurs. Et puis, il y aussi les prédateurs humains, car David vient de se faire de nouveaux ennemis, Dick Carlson et Andrew Kearny. Oui, j'ai oublié de vous dire, l'alpiniste et l'homme politique sont en réalité des pourritures de la pire espèce. L'opération survie commence pour le pauvre David !
Terres fauves appartient à ces romans qui privilégient les atmosphères réalistes et la dureté des rapports humains et qui, ce faisant, se distinguent des purs romans criminels. Terres Fauves raconte l'histoire de David McCay, c'est presque un roman d'apprentissage finalement. C'est surtout un roman noir, très noir, une histoire atroce, implacable, à l'image de son décor, constitué par les terres sauvages du Nord américain. La nature à l'état brut, dans toute sa beauté, sa splendeur, mais aussi sa cruauté. La loi du plus fort, David va se rendre compte de ce que cela signifie réellement.
Sur la forme, il faudra revenir sur le style d'écriture de Patrice Gain, où chaque phrase, d'une richesse et d'une précision hallucinantes, signale une attention et une vigilance terribles, et y contraint les lecteurs que nous sommes. Une écriture d'une grande qualité littéraire qui apporte au récit une puissance, une densité, et une profondeur hors normes. Cette histoire est prenante, sauvage, viscérale. Un mélange réussi d'action et de réflexion. Pourtant, ce roman est finalement assez court, 255 pages dans sa version poche. Mais quelle richesse tant sur le fond que sur la forme, Terres Fauves est un roman à la fois effrayant et beau. Comme ces paysages sauvages magnifiquement retranscrits par l'écriture limpide de l'auteur. Gros coup de cœur !
Patrice Gain, Terres fauves, Le Livre de Poche, 255 pages, sorti en 2018.
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