mardi 26 juillet 2022

Population : 48, d'Adam Sternbergh

 

"Mais nous n'apparaissons pas sur les cartes officielles et il faut des jumelles pour apercevoir la ville depuis la route la plus proche. Nous sommes à cent cinquante kilomètres de ce qu'on pourrait appeler la civilisation. Et comme vous avez pu vous en apercevoir durant votre trajet en bus, nous sommes un grain de sable au milieu du trou du cul du monde, pour utiliser le terme technique." 

Pour vivre heureux, vivons cachés. Un proverbe qui s'applique parfaitement à Caesura, un hameau qui se trouve dans le comté de Kettle, au Texas. Le troisième comté le moins peuplé des USA. Caesura est donc un bled paumé habité par une population très particulière aux règles très particulières, et très explicites : aucune visite. Aucun contact. Aucun retour. 

Pour vivre heureux, vivons cachés. Oui mais à Caesura, toute la question est de savoir de quoi les habitants se cachent. Ou plutôt de qui. Car il y a un autre proverbe qui s'applique parfaitement à cette bourgade presque coupée du monde : "si tu veux vraiment garder un secret, commence par le protéger de toi-même. C'est le principe fondateur de cet endroit. Vous coopérez. Vous parlez. Vos péchés sont effacés. Dans la plupart des cas, vous ne savez même plus qui vous étiez." 

Et oui à Caesura, tout le monde est coupable. Mais personne ne sait plus de quoi. Car le mystérieux institut Fell, qui a créé cet endroit, a effacé les souvenirs les plus horribles de ces habitants très particuliers. Qui vivent donc en paix. Mais ça ne va pas durer, la mort va s'abattre sur les habitants de Caesura. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse le soin de dévorer ce livre d'exception. 

Gros, non, énorme coup de coeur pour cet excellent thriller, riche en suspense et en rebondissements. Avec un art consommé du récit, Adam Sternbergh nous emmène dans les coulisses peu reluisantes d'une expérience insolite, risquée et surtout immorale. Sorte de huis clos cauchemardesque au dénouement sanglant, tarantinesque. Il y a certes un côté décalé à cette histoire stupéfiante mettant en scène des personnages hors normes, l'humour est présent, mais ne nous y trompons pas, Population : 48 est avant tout un redoutable page-turner à l'américaine, une histoire de dingues pleine de rebondissements et de coups fourrés. 

Avec une extraordinaire énergie créatrice, Adam Sternbergh livre un récit en trompe-l'oeil épique et violent, chargé d'atmosphère et d'émotion. Style d'écriture limpide, incisif et percutant, construction impeccable du récit, intrigue diabolique, personnages bien campés : tous les ingrédients du très bon thriller sont réunis. J'ai adoré ce livre, je le recommande sans réserve. 

Adam Sternbergh, Population : 48, 10/18, 408 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Charles Bonnot, sorti en 2017 (Etats-Unis) 2018 (France)

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