"À Cotton's Warwick, il y a autant de champs de coton que d'anges à Los Angeles. Ici, il n'y a rien. Excepté quelques fantômes à la peau rougie de terre, reclus dans le trou du cul de l'Australie. Perdus au fin fond du Northern, ce néant où la bière est une religion et où les médecins se déplacent en avion. Loin des sites touristiques, très loin des "grandes" Darwin et Alice Springs, le village est coupé d'un monde qui ne s'est jamais intéressé à lui." Bienvenue à Cotton's Warwick, un hameau perdu en plein désert australien.
Pas franchement la destination idéale pour y passer des vacances. Et si jamais vous faites un road-trip en Australie, ne vous arrêtez surtout pas à Cotton's Warwick. Vous n'en ressortirez pas vivants.
La plupart des rares habitants de Cotton's Warwick ne gagnent vraiment pas à être connus, croyez-moi sur parole. Et cette chaleur étouffante, omniprésente, qui rendrait fou n'importe qui. Il ne reste plus qu'une seule femme à Cotton's Warwick, Karen, la patronne du pub. Les autres femmes du village ont préféré se donner la mort plutôt que de continuer à survivre aux côtés de leurs maris alcooliques et dégénérés. Il y a aussi l'église et son prêtre Quinn. Enfin, prêtre n'est pas forcément le terme adéquat. Quinn étant aussi dans le désordre maire du village, shérif du village, chef mafieux du village (pratique quand on est shérif), conseiller psychologique, et protecteur attitré de la belle Karen. Et croyez-moi il vaut mieux bénéficier d'une protection quand on est la seule femme du village. Encore que protection n'est pas non plus le terme qui convient, je rappelle que Quinn est une pourriture de la pire espèce.
Bref, tout va pour le pire dans le pire des mondes, et le pire reste bien à venir pour les habitants de Cotton's Warwick, qui se mettent à mourir les uns après les autres. Et à chaque fois dans d'étranges circonstances. Des morts suspectes qui vont semer la panique dans le village. Déjà qu'il ne reste plus grand monde... Mais ce n'est peut-être pas plus mal finalement. Je vous l'ai dit, les habitants de Cotton's Warwick ne gagnent pas à être connus. Ou alors, il faut avoir une vision franchement tordue de ce qu'est l'humanité !
Pour moi, il y a vraiment deux parties bien distinctes dans ce roman très noir. Une première partie qui plante le décor. L'auteur nous plonge dans un univers sordide qui sent la poudre et l'atmosphère viciée d'un bled isolé de tout. On se croierait dans U-Turn - Ici commence l'enfer d'Oliver Stone. Un mélange de roman noir et de comédie grinçante, déjantée. J'ai même rigolé à la lecture de certains passages. Mais ensuite, le roman bascule clairement dans une toute autre dimension, et là on ne rigole plus du tout, c'est terminé. On entre de plein fouet dans le domaine du roman très très noir, comme le cauchemar.
Le récit devient atroce, étouffant, impitoyable. Michaël Mention se lâche complètement dans une deuxième partie surréaliste. Ce n'est plus U-Turn mais plutôt Atomik Circus. Ce film fantastique français sorti en 2004, avec Vanessa Paradis, Benoît Poelvoorde et Jean-Pierre Marielle. Dont l'action se déroule également dans un bled paumé, attaqué par des extraterrestres très très méchants. Et bien, Cotton's Warwick c'est pareil, sauf que les méchants ne sont pas des extraterrestres mais des animaux terrestres issus de la faune australienne. Des animaux qui sont très très remontés contre les humains.
On retrouve dans ce roman viscéral, sanglant, éprouvant, terrifiant, tout ce qui fait la force de cet auteur hors norme qu'est Michaël Mention: un style moderne, incisif, plein d'énergie et de vitalité. Au service d'un récit échevelé, qui part dans tous les sens. Le portrait au vitriol d'une bourgade australienne totalement repliée sur elle-même, presque hors du temps. Un western des temps modernes version destroy. Un huis clos noir comme le cauchemar mettant en scène des personnages complètement barrés. Michaël Mention a trempé sa plume dans l'acide, ça donne Bienvenue à Cotton's Warwick, plus qu'un livre, une expérience éprouvante, un voyage au bout de l'enfer. Je déconseille fortement ce livre aux âmes sensibles. Frontal !
On retrouve dans ce roman viscéral, sanglant, éprouvant, terrifiant, tout ce qui fait la force de cet auteur hors norme qu'est Michaël Mention: un style moderne, incisif, plein d'énergie et de vitalité. Au service d'un récit échevelé, qui part dans tous les sens. Le portrait au vitriol d'une bourgade australienne totalement repliée sur elle-même, presque hors du temps. Un western des temps modernes version destroy. Un huis clos noir comme le cauchemar mettant en scène des personnages complètement barrés. Michaël Mention a trempé sa plume dans l'acide, ça donne Bienvenue à Cotton's Warwick, plus qu'un livre, une expérience éprouvante, un voyage au bout de l'enfer. Je déconseille fortement ce livre aux âmes sensibles. Frontal !
Michaël Mention, Bienvenue à Cotton's Warwick, Ombres Noires, 253 pages, sorti en 2016.
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