dimanche 25 janvier 2015

L'homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun


"La thèse qui fleurit sur les murs de Bayonne, celle de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu Jokin se faire enlever, n'est qu'une fable invérifiable". La population basque est sous le choc après la disparition inexpliquée d'un jeune militant de l'ETA. Jokin Sasko a t'il été enlevé ? Si oui, par qui ? Comment ? Et surtout pourquoi ? Enfin, est-il seulement vivant ? Et s'il est mort, à qui profite le crime ? Deux journalistes chevronnés vont tenter de répondre à toutes ces questions, basculant ainsi dans un véritable chant de démence et de sang. Sur le fond, Marin Ledun ne prend pas parti, il expose les faits - la disparition d'un militant de l'ETA- et les conséquences de cette disparition: la paranoïa prend le dessus, et parasite les relations humaines; L'instauration d'un climat de terreur engendre la violence, la manipulation, et surtout le mensonge. 

Car quelle que soit la guerre, il n'y a toujours qu'un seul et même perdant finalement: la population civile, qui vit dans la peur et dans le doute. Sur la forme, Marin Ledun n'oublie pas de captiver les lecteurs que nous sommes, et signe un mélange détonnant de thriller politique et de roman noir: personnages fouillés, intrigue taillée au couteau, suspense et rebondissements omniprésents, pas de temps mort, pas de gras, Marin Ledun confirme tout son talent pour mener des récits musclés et percutants. Comme toujours, l'écriture est sèche et nerveuse. 

L'homme qui a vu l'homme, c'est bien mené, c'est dur, c'est tendu, car tous les coups sont permis dans cette guerre sale qui ne dit pas son nom. Bien évidemment, le final ne pouvait être que noir comme le cauchemar. Ce fulgurant roman est inspiré d'une histoire vraie.

Marin Ledun, L'homme qui a vu l'homme, J'ai lu, 507 pages, sorti en 2014.

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