jeudi 1 décembre 2016

En douce, de Marin Ledun


Marin Ledun reprend à sa manière un thème récurrent dans le roman noir : la séquestration. Très souvent, ce sont des histoires éprouvantes de vengeance ou de serial killer: Alex de Pierre Lemaître, Les morsures de l'ombre de Karine Giébel, Misery de Stephen King, ou encore A mains nues de Paola Barbato. Je m'arrêterai là, car la liste est longue. Un thème rebattu, mais qui va prendre une toute nouvelle dimension avec Marin Ledun.

Au départ, l'intrigue est classique: Emilie est une jeune infirmière qui a décidé de rester dans sa ville natale, Begaarts, au bord de l'océan, dans les Landes françaises. Emilie est également danseuse. Mais le destin va se montrer cruel: accident de voiture, amputation de la jambe, pose d'une prothèse artificielle. Finie la danse! Commence alors une véritable descente aux enfers. Emilie perd son travail d'infirmière, son appartement, sa vie. Cinq ans plus tard, Emilie s'occupe d'un chenil, et vit dans une caravane pourrie, seule. Le soir du 14 juillet, elle séduit Simon, le ramène chez elle, lui tire une balle dans la jambe, et l'enferme dans un hangar au milieu de son chenil isolé. On apprend très vite que Simon est l'homme qui a percuté la voiture d'Emilie cinq ans plus tôt. Simon est responsable de la vie désastreuse d'Emilie. Une histoire de vengeance. Sauf qu'avec Marin Ledun, tout n'est jamais aussi simple. 

En douce est un mélange détonnant d'action et de réflexion. Il y a du suspense jusqu'à la fin de l'histoire, au dénouement porteur d'un certain espoir. Marin Ledun, comme à son habitude, montre une maîtrise impressionnante dans la conduite de son récit parfaitement huilé. Jusqu'au bout, on ne sait pas ce qu'Emilie va faire de son prisonnier. L'auteur maintient une tension dramatique tout au long de son récit prenant, déchirant. En douce se distingue aussi par le fait que l'histoire est centrée sur la geôlière et non pas sur le prisonnier. C'est souvent le contraire dans les polars qui ont pour thème la séquestration. On suit l'évolution psychologique de la victime, pas du bourreau. En douce est donc un portrait à la fois implacable et bouleversant d'une femme brisée par un accident terrible. Mais pas seulement. Marin Ledun se sert de cette histoire, et de son héroïne, pour dresser un constat sans concession sur la société française. 

Au final, En douce est loin d'être mon roman préféré de Marin Ledun, mais ce n'est pas non plus une déception. C'est un thriller social intéressant et intelligent, qui a le mérite de poser des questions pertinentes. J'ai beaucoup aimé la fin du livre. Mais si vous ne connaissez pas encore l'auteur, je vous conseille de commencer son oeuvre par le monumental La guerre des vanités.

Marin Ledun, En douce, Ombres noires, 256 pages, sorti en 2016.

Du même auteur sur ce blog:
La guerre des vanités ; Dans le ventre des mères ; L'homme qui a vu l'homme

Je vous conseille aussi:
Alex, Pierre Lemaitre
A mains nues, Paola Barbato


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