lundi 16 février 2015

Papillon blanc, de Walter Mosley


Je vous situe le contexte, nous sommes à Watts, le quartier noir de Los Angeles, dans les années 50:
un ghetto étouffé par le chômage, la misère, et la violence, trois jeunes femmes y sont sauvagement assassinées, mais comme elles étaient noires, la police n'y prête pas attention; Lorsqu'une jeune femme blanche est assassinée à son tour dans les mêmes conditions, la police bouge enfin, d'autant que le père de la morte est procureur. 

En apparence, cette fille de bonne famille n'a rien à se reprocher, mais comme le sait si bien Easy Rawlins, le héros de cette histoire, les apparences sont souvent trompeuses en ce bas monde; L'enquête menée par Rawlins s'avérera périlleuse, pleine de suspense et de rebondissements. 


Papillon blanc est une plongée saisissante dans les bas-fonds de Watts, à une époque marquée par un racisme omniprésent et la corruption policière. Ce roman noir séduit par l'écriture nature et par les dialogues percutants de Walter Mosley, qui est un meneur d'intrigues hors pair. Le rythme est lancinant, crescendo, et le roman baigne dans une atmosphère lourde et poisseuse. En outre, l'auteur retranscrit parfaitement toute une époque, à travers le spleen désabusé de son héros, personnage authentique, complexe mais surtout profondément humain, pour le meilleur et pour le pire. Mais on est plus dans le roman noir de critique social, dans le roman urbain engagé que dans le polar historique au sens strict du terme.

Au final, un roman à la fois envoûtant et attachant, mais aussi une histoire franchement glauque, passionnante à suivre, et surtout des dialogues d'anthologie.

Walter Mosley, Papillon blanc, Points, 300 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Gabrielle Merchez, sorti en 1992 (Etats-Unis) 1995 (France)

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