Je
le dis franchement: j'ai failli arrêter la lecture de Sévices au bout de la
vingtième page. J'avais l'impression de lire la suite d'un roman, sans que
l'auteur fournisse une quelconque explication sur ce qu'il s'était produit
avant. Je ne comprenais strictement rien à cette histoire de gangster. Heureusement que j'ai persisté, car je serais passé à côté de ce petit chef d'oeuvre, dont l'atmosphère très noire fait penser aux meilleurs David Goodis, Jim Thompson ou encore Robin Cook. Donc du noir, très noir !
Le narrateur à la première personne est un roi du
porno qui s'est exilé dans une station balnéaire britannique. Et dans les
premières pages, il évoque plusieurs affaires et différents protagonistes, ce
qui a le don d'embrouiller un peu le lecteur.
Le récit est découpé en deux
parties qui se chevauchent tout au long du roman: le présent et le passé. Dans
le présent, l'auteur habite un pavillon perdu au bord de la mer et sombre peu à
peu dans l'alcool et la folie. Le passé nous permet de comprendre les raisons
de ce basculement progressif dans la démence.
Au fil des pages, cette histoire de
règlements de comptes entre truands s'éclaircit, l'intrigue prend forme,
l'écriture de Lewis devient plus fluide, la tension monte, jusqu'au final
époustouflant, un final complètement inattendu "à la Shutter Island". Il faudra
plusieurs relectures de certains passages pour saisir toute l'habileté et le
talent de cet auteur, mort d'alcoolisme à l'âge de 42 ans. On comprend d'autant
mieux pourquoi son anti-héros semble si vrai !!
Ted Lewis, Sévices, Rivages, 360 pages, traduit de l'anglais par Jean Esch, sorti en 1980 (Angleterre) 1993 (France)
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