lundi 18 mai 2015

Elvis, Jésus et Coca-Cola, de Kinky Friedman


"A l'instar de tous les métros qui ne mènent nulle part, tapissés de graffitis et halés par la motrice de l'ennui, le train de la vie s'arrêterait dans un strident crissement de freins et tous les passagers devraient descendre de voiture. Tout le non-dit ou le non-fait oublié à bord serait dérouté sur Tuladanldo, Arizona." Cette phrase du livre représente pour moi un échantillon très représentatif de ce qui vous attend si vous lisez un roman du kinkster, alias Kinky Friedman. Un mélange d'humour décalé, grinçant et de poésie mélancolique à la Verlaine. Et une certaine vision alambiquée et cynique du monde. Elvis, Jésus et Coca-Cola est un pastiche de whodunit dans lequel Kinky Friedman se met lui-même en scène pour résoudre des pseudo-énigmes. Dans cet opus, il s'agit de retrouver un film, ou plutôt un documentaire sur les imitateurs d'Elvis Presley. 

Le réalisateur de ce film n'est autre que Tom Baker, dit la Boulange, qui vient de passer de vie à trépas. Surtout c'était un grand ami du kinkster. Mais mettre la main sur ce film qui a disparu va soulever quelques lièvres inattendus, et les cadavres vont s'accumuler. 

Voilà pour l'intrigue, ou plutôt le semblant d'intrigue. Oui je vous avertis tout de suite, l'intrigue est secondaire dans les polars de Friedman. En fait ce qu'il faut retenir de ce livre, c'est la recette de la salade au Coca-Cola (meuh oui ça existe !) que vous découvrirez dans les toutes dernière pages. Le reste c'est de la littérature. 


C'est ça un livre du kinkster, ça part dans tous les sens, c'est à prendre au troisième, voire au quatrième degré ! Dans les polars de Friedman, on rigole beaucoup, on accompagne l'auteur dans des situations improbables, on fait le plein de phrases désopilantes sorties tout droit de l'imagination passablement agitata du kinkster, qui avoue avoir consommé beaucoup de substances dites récréatives durant sa jeunesse de chanteur de Country ! 

Il est vrai que le style parfois très imagé de l'auteur peut en rebuter plus d'un, le kinkster n'est pas toujours d'une lecture évidente, je vous conseille d'enchaîner ses romans, de vous faire une série. Cela permet vraiment de vous habituer à son style désabusé, parfois mélancolique, mais tellement pétri d'humanité. Le kinkster a vraiment su imprimer sa "patte" dans l'univers si hétéroclite du roman policier. Une "patte" pleine d'auto-dérision !

Kinky Friedman, Elvis, Jésus et Coca-Cola, Rivages, 297 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Frank Reichert, sorti en 1993 (Etats-Unis) 1997 (France)


Je vous conseille aussi:
Un jambon calibre 45, Carlos Salem