mercredi 10 février 2016

Huit millions de façons de mourir, de Lawrence Block


Et huit millions de morts en sursis. Pourquoi en sursis? Parce qu'au début des années 80, New York est une ville très très dangereuse, et Lawrence Block, auteur très prolifique de romans noirs, retranscrit parfaitement l'insécurité permanente qui régnait à l'époque. Un fait établi qui allait d'ailleurs conduire quelques années plus tard à l'élection de Rudolph Giuliani au poste de maire, et à la mise en place de sa politique ultra-répressive en matière de délinquance: la fameuse tolérance zéro ! 

L'atmosphère de ce roman très noir fait clairement penser au film Taxi Driver, avec Robert De Niro qui déambule dans une ville en perdition, gangrenée par la misère et la violence. Ce polar d'atmosphère contient donc tout un catalogue de faits divers de l'époque sur les façons de mourir des huit millions d'habitants de la grosse pomme. Terrifiant !

Très clairement, Huit millions de façons de mourir est un classique du roman noir, et séduit par la personnalité à la fois simple et complexe de son personnage principal Matt Scudder - un ancien flic reconverti en privé solitaire et alcoolique - et par l'écriture, limpide, subtile et parfois laconique de Lawrence Block, THE romancier de la ville de New York, version noire comme le cauchemar. 

Lawrence Block a mis en scène Matt Scudder dans une dizaine de romans noirs, un personnage mélancolique, meurtri, et désabusé, qui vivote comme détective privé et tente d'échapper à l'alcool. Ce roman est d'ailleurs le premier de la série où Scudder parvient à arrêter pendant un moment l'alcool. Peut-être parce qu'il s'implique vraiment dans l'affaire qui lui est confiée par une prostituée Kim. Celle-ci demande à Scudder de l'aider à quitter son souteneur, un certain Chance, personnage énigmatique, fascinant, qui vaut vraiment le détour. La prostituée en question est sauvagement assassinée, Chance est soupçonné du meurtre et demande à Scudder de démasquer le vrai coupable.


Intrigue subtile et captivante non dénuée d'humour (heureusement d'ailleurs!), personnages fouillés et plus vrais que nature, et enfin réflexion sur le mal, et le deuil, Huit millions de façons de mourir est pour moi le meilleur roman de Lawrence Block. 

Lawrence Block, Huit millions de façons de mourir, Folio, 416 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Rosine Fitzgerald, sorti en 1982 (Etats-Unis) 1985 (France)

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