mercredi 3 mai 2017

L’été des jouets morts, de Toni Hill


"Et puis il y avait quelque chose dans les rues de l'Eixample, dans ce tracé de voies en damier et dans ces anciennes et splendides façades, qui l'apaisait et éveillait en lui une certaine nostalgie. Avec Ruth, il avait exploré ces rues, et bien d'autres encore ; avec elle, il avait découvert les monuments comme les bistrots. Pour lui, Barcelone était Ruth: belle sans être excentrique, calme en surface mais non sans de sombres recoins, avec cette touche d'élégance bon chic bon genre aussi charmante qu'exaspérante par moments." 

Barcelone est finalement la véritable héroïne du premier polar, plutôt réussi, de Toni Hill. L'auteur retranscrit avec brio l'atmosphère particulière qui règne dans cette ville à la fois traditionaliste et ouverte sur le monde. La capitale économique de l'Espagne subit de profondes mutations urbaines qui s'accélèrent depuis maintenant plusieurs années. Les touristes y sont omniprésents, le crime aussi. D'autant que l'été barcelonais est moite, poisseux comme une glace fondue. C'est bien connu, la chaleur écrasante pousse à la violence et au crime. Dans ce polar langoureux, éthéré, mélancolique, vous aurez deux énigmes à résoudre. 

Deux enquêtes pour le prix d'une, sympa non? Vous y ferez la connaissance d'Hector Salgado, sorte d'inspecteur Harry version latino. Un personnage attachant, pétri d'humanité, qui traque le crime dans les rues de Barcelone. Embarqué dans deux affaires bien distinctes, mais identiquement sordides. D'un côté, les bas-fonds de la ville: drogue, misère et prostitution. De l'autre, la bonne société barcelonaise, avec ses codes, et ses secrets inavouables bien gardés. 

L'été des jouets morts n'est pas un fast and furious book, vite lu et vite oublié. ce n'est pas un page turner plein de suspense qui se dévore d'une traite. C'est un whodunit classique, bien ficelé, qui se déguste tranquillement, sans se presser. L'intrigue est prenante, difficile de deviner qui sont les coupables, parmi les nombreux personnages du livre. Un polar espagnol bien écrit, dans un style simple, posé, limpide. Elizabeth George plutôt que Maxime Chattam. Bref, un whodunit dépaysant, sensuel, qui baigne dans une certaine torpeur, à l'image de l'été barcelonais. Muy caliente mais aussi franchement noir ! 

Toni Hill, L'été des jouets morts, J'ai lu, 378 pages, traduit de l'espagnol par Thomas Delooz, sorti en 2011 (Espagne) 2014 (France)

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