lundi 30 avril 2018

Les mensonges ne meurent jamais, de Séverine de La Croix


On choisit ses amis, mais pas sa famille. Vous connaissez ce vieil adage qui respire malheureusement le bon sens. Un constat immuable et ce n'est pas Manon Sagier de Hautefeuille, l'héroïne principale de ce polar, qui va dire le contraire. La jeune femme n'est pas au bout de ses surprises, il y a des fruits pourris dans toute la famille sur plusieurs générations. Ce n'est pas un placard qu'il faut pour cacher tous les cadavres, mais un box tout entier !

En effet, dans ce suspense psychologique d'une noirceur absolue, l'auteure aborde la violence de la dynamique familiale. Mais dans cette famille aristocrate française, les secrets sont nombreux et surtout inavouables, terribles. On peut dire que l'auteure a imaginé le pire scénario possible, c'est du lourd, du très lourd: inceste, mariages arrangés, dénonciation des juifs pendant la guerre pour renflouer les caisses de la famille, la liste est longue, l'auteure ne lésine pas sur les révélations et les rebondissements. Donnant à son récit un fort contenu émotionnel. J'ai beaucoup aimé aussi la dualité générationnelle présente tout au long du récit, entre la grand-mère Louise, et la petite-fille Manon. D'un côté Louise, sorte de Tatie Danielle version aristo, qui cherche, par tous les moyens (c'est le cas de le dire !), à préserver la respectabilité de sa famille. Une vieille dame aigrie, qui dirige et manipule à sa guise sa fille Adèle. Et de l'autre, Manon, la fille d'Adèle, une jeune femme moderne, émancipée, qui  va bousculer l'ordre établi, et donner un sacré coup de pied dans la fourmilière (là aussi c'est le cas de le dire !).

Pour moi, Les mensonges ne meurent jamais c'est le fast and furious book par excellence, un roman à suspense sans temps mort, qui se lit d'une traite. L'intrigue, qui entremêle habilement passé et présent, est construite en forme de compte à rebours, et écrite dans un style simple, alerte, et limpide. Je me suis laissé embarquer dans cette histoire très romanesque. Trop romanesque. 

Bon c'est vrai, on est dans le domaine du polar, mais là, l'auteure a surchargé la mule, il y a trop de rebondissements improbables, et trop d'émotions, c'est disproportionné par rapport à la longueur du récit. Finalement assez court, et composé de chapitres également courts, ce qui accentue cette impression de "too much". Et certains dialogues, certains passages manquent de crédibilité. Mais au final, ce roman m'a fait une bonne impression, globalement le positif - un récit très fluide, palpitant, et bien mené- l'emporte sur le négatif - un scénario parfois tiré par les cheveux. Et l'auteure parvient à faire passer quelques messages: l'importance de mettre en place une communication authentique entre les membres d'une famille, éviter les non-dits destructeurs, et toujours conserver sa liberté de penser et d'agir. 

Séverine de La Croix, Les mensonges ne meurent jamais, Michel Lafon, 310 pages, sorti en 2014.

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