Sorti en 2017 aux Editions du Masque, Tant pis pour le Sud a remporté le prix du premier roman du festival de Beaune. Un festival présidé l'année dernière par un certain ... Jean-Christophe Grangé. Un prix mérité ? Oui, le premier roman de Philippe Rouquier, mélange exotique de roman d'aventure et de polar politique, est plutôt prometteur. Le positif - l'histoire, l'intrigue, le décor - l'emporte sur le négatif - La forme. Je m'explique.
Le fond m'a beaucoup plu, j'ai été embarqué dès le prologue dans cette histoire âpre et assez originale. Tant pis pour le Sud repose sur une intrigue complexe, recherchée, et des personnages ambigus à souhait dans la chaleur humide et étouffante des Philippines. Je vous résume l'intrigue: Marc Ménéric est lobbyiste en prospection minière aux Philippines. Cet homme de terrain porte constamment sur lui une montre équipée d'un mouchard GPS qui donne sa position en temps réel partout dans le monde. Il faut dire que Marc est susceptible de transporter de grosses sommes d'argent en liquide, des pots-de-vin versés aux huiles locales qui sont ensuite beaucoup mieux disposées à signer les contrats d'autorisation de prospection minière. Jusqu'au jour où la montre de Marc cesse d'émettre, en pleine mer. Noyade accidentelle ? Meurtre ? Kidnapping ? Vincent, le frère de Marc, également lobbyiste dans la même entreprise, mais en Afrique, part pour les Philippines, officiellement pour remplacer Marc à son poste, officieusement pour découvrir la vérité sur sa disparition. Commence alors un road-trip hallucinant et halluciné dans un pays du tiers-monde pauvre, violent, inégalitaire et corrompu. L'auteur dresse un portrait lucide, crédible et fascinant des Philippines tant sur le plan géographique que socio-politique. Tant pis pour le Sud est donc un polar d'atmosphère implacable, impitoyable, à l'image de son saisissant décor. Et le dénouement haletant ne pouvait être que noir comme le cauchemar.
C'est la forme qui pêche un peu pour moi. Un peu, car je n'irai pas jusqu'à dire que c'est mal écrit, ou mal construit. L'histoire est prenante, les personnages sont fouillés, l'intrigue est de qualité. Mais le récit manque parfois de fluidité, et le style d'écriture n'est pas toujours très limpide. C'est parfois nébuleux, ou trop imagé à mon goût. Bref, j'ai trouvé qu'il y avait quelques maladresses d'écriture pouvant parfois nuire à la bonne compréhension du récit. Mais comme je l'ai écrit dans ma phrase d'introduction, ce livre m'a fait bonne impression, j'ai été séduit par l'histoire, et par la personnalité complexe de son personnage principal, Vincent, sorte de bombe humaine au service de la vérité. Un homme tourmenté mais tenace qui ne reculera devant rien pour retrouver son frère. Au final, un premier roman prometteur, assez bien ficelé, et très dépaysant. Des polars dont l'intrigue se déroule aux Philippines, vous n'en trouverez pas beaucoup !
Philippe Rouquier, Tant pis pour le Sud, Editions du Masque, 380 pages, sorti en 2017.
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