"- En réalité, je pense que tu es un homme très solitaire. Comme beaucoup d'entraîneurs de football. C'est un peu toi contre le reste du monde. Toi contre la foule. Toi contre le type du banc de touche d'en face. Toi contre ton père. Toi contre la presse. Toi contre la police métropolitaine. Et maintenant c'est toi contre la police grecque. Tu es quelqu'un qui a quelque chose à prouver. Parce que tu es un survivant. Parce que tu es déterminé. C'est pour cela que tu te changes en détective, une fois encore. Parce que tu es incapable de laisser les choses en l'état. Parce que tu veux te montrer juste."
Scott Manson est décidément un homme plein de ressources. Et heureusement, car sa détermination va être mise à rude épreuve.
L'entraîneur du club de football de London City se rend à Athènes avec son équipe pour discuter un match important, contre l'Olympiakos. Mais la capitale grecque est une vraie poudrière sociale, l'atmosphère est électrique, viciée, propice au drame. Les ennuis vont s'accumuler pour Scott. Bekim Develi, son buteur star, s'écroule en plein match. En apparence, une crise cardiaque foudroyante.
Dans le même temps, le corps d'une jeune femme est retrouvé dans un port. Problème: la police grecque pense que Bekim Develi est l'une des dernières personnes à avoir vu cette fille vivante. La fille en question étant une prostituée de luxe venue rendre une petite visite de courtoisie au footballeur dans sa chambre d'hôtel. Pourtant Scott avait bien prévenu ses joueurs, aucune distraction n'est permise la veille d'un match. Mais que voulez-vous ? Les temps changent, au grand dam de notre Scott, qui se retrouve bloqué en Grèce avec son équipe, tant que l'affaire n'est pas résolue. Et donc notre entraîneur préféré va une nouvelle fois prendre les choses en main, et revêtir sa tenue de détective privé. Pour mener une enquête à la sauce grecque, très épicée !
La Main de Dieu est le deuxième volet de la trilogie Scott Manson. Si vous n'avez pas lu le premier opus de la série, Le mercato d'hiver, ce n'est pas grave, les histoires sont différentes. J'avais beaucoup aimé Le mercato d'hiver, et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire La main de Dieu. Le regretté Philip Kerr nous entraîne une nouvelle fois dans une enquête riche en suspense et en rebondissements. Qui se doublent d'un portrait au vitriol de la Grèce, en pleine crise sociale et financière.
La Main de Dieu possède tous les atouts nécessaires pour transporter aussi bien l'amateur de whodunit bien ficelé que de roman noir social et géopolitique. Et bien sûr, c'est une plongée saisissante dans les méandres du foot business. Et Philip Kerr a cette gouaille inimitable qui donne beaucoup de charme à ses polars. Un humour souvent cru, irrévérencieux. Un style d'écriture incisif. Une maîtrise impressionnante dans la conduite de son récit rondement mené. Et une intrigue très riche. Bref, je vous recommande ce très bon polar les yeux fermés. Que vous aimiez le foot ou pas !
Philip Kerr, La Main de Dieu, Le Livre de Poche, 507 pages, traduit de l'anglais par Johan-Frédérik Hel Guedj, sorti en 2015 (Angleterre) 2016 (France)
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