jeudi 21 janvier 2021

La Trilogie berlinoise, de Philip Kerr

 

J'ai découvert le regretté Philip Kerr avec Le mercato d'hiver, premier volet d'une trilogie consacrée au football. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire ce très bon polar, j'adore le style d'écriture de l'auteur, sa façon de raconter une histoire, son immense talent pour échafauder des intrigues diablement efficaces et camper des personnages forts, et pétris d'humanité. Comme le détective privé Bernie Gunther, que l'on retrouve dans bon nombre des polars historiques de Philip Kerr. La Trilogie berlinoise, qui comprend L'été de cristal, La pâle figure, et Un requiem allemand, est le chef d'oeuvre de cet auteur culte. Trois enquêtes palpitantes qui servent de prétexte à l'auteur pour évoquer, avec un réalisme et une érudition hors du commun, l'ambiance de l'Allemagne nazie avant et après la deuxième guerre mondiale. Donc de sa terrifiante ascension jusqu'à sa chute. 

L'été de cristal est le premier volet de la trilogie, et c'est un excellent polar d'enquête historique. Nous sommes en 1936 et Berlin s'active à la préparation des jeux olympiques. Bernie Gunther doit découvrir la vérité sur un incendie qui a causé la mort d'un jeune couple. Ses recherches vont notamment l'orienter vers un certain ... Göring. Himmler semble être aussi de la partie... 

Le second volet, La pâle figure, est un chef d'oeuvre. L'intrigue est palpitante. Nous sommes en 1938, Bernie Gunther lâche provisoirement son métier de détective privé pour rejoindre les rangs de la police berlinoise. Celle-ci doit faire face à un redoutable tueur qui enlève et tue des jeunes filles. Peur sur la ville alors qu'apparaissent dans le même temps des signes avant-coureurs de l'horreur qui vient: une nouvelle guerre mondiale, et le génocide juif. Philip Kerr revisite toute une époque, toute une réalité vue à travers les yeux de son personnage fétiche.

Le dernier volet, Un requiem allemand, est un chef d'oeuvre plus plus, atteignant des sommets d'intensité dramatique rarement atteints dans le polar. Dans ce roman magistral, où les destins s'enchevêtrent, l'auteur démontre la possibilité de mêler enquête, histoire, politique et espionnage. Nous sommes en 1947, Berlin n'est plus qu'un charnier à ciel ouvert, une ville dévastée dans laquelle Bernie Gunther tente de survivre, tant bien que mal, avec sa femme. Le détective est engagé par un colonel soviétique afin de prouver l'innocence d'Emil Becker, accusé du meurtre d'un officier américain du Counter Intelligence Corps. Emil Becker, ancien collègue de Bernie à la Kripo (la police criminelle du Troisième reich), officie désormais dans le marché noir à Vienne, la capitale autrichienne. Bernie se rend donc à Vienne, pour faire ce qu'il sait faire le mieux: résoudre une enquête complexe, débusquer la vérité, pour le pire, surtout pour le pire. 

Car Bernie Gunther qui nous raconte ses histoires est la véritable star de cette trilogie qui aura marqué à jamais le genre du polar. Je vous livre ici un extrait qui décrit parfaitement qui est Bernie Gunther: "Je ne suis pas un chevalier blanc. Je suis juste un type usé, debout à un coin de rue dans son pardessus froissé, avec une vague notion de ce qu'on appelle, osons le mot, Moralité. Bien sûr, je ne suis pas étouffé par les scrupules quand il s'agit de me remplir les poches, et je ne serais pas plus capable de remettre dans le droit chemin une bande de jeunes voyous que de me lever pour chanter la partie soliste dans un chœur sacré. Mais j'étais sûr d'une chose. J'en avais assez de me curer les ongles pendant que des malfrats dévalisaient la boutique." 

Bref, juste un être humain avec ses qualités et ses défauts, mais doté ce qu'on appelle un bon fond. Avec un humour souvent désinvolte, irrévérencieux, parfois cru. Et également un enquêteur hors pair qui découvre toujours la vérité. Au final, vous l'aurez compris, La Trilogie berlinoise est un grand classique du polar historique, un incontournable du genre, qui se déguste sans modération, et ne vous laissez surtout pas impressionner par le nombre de pages, car vous ne les verrez de toute façon pas passer !

Philip Kerr, La Trilogie berlinoise, Le Livre de Poche, 1024 pages, traduit de l'anglais par Gilles Berton, sorti en 1989-1991 (Angleterre) 1993-1995 (France)

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