mercredi 29 septembre 2021

Vongozero, d'Yana Vagner

 

De nos jours en Russie, Anna s'apprête à quitter pour toujours son village situé à quelques kilomètres de Moscou. Un virus très contagieux est en train de se propager dans le monde entier et de décimer l'espèce humaine. La capitale russe vient d'être mise en quarantaine, Sergueï, le mari d'Anna, a tout juste le temps d'aller récupérer son ex-femme et son fils. En tout, ils sont au nombre de neuf à prendre la route pour le Grand Nord de ce gigantesque pays qu'est la Russie. L'objectif étant de rejoindre le lac Vongozero, qui se trouve près de la frontière finlandaise. L'objectif étant de ne pas mourir au cours de ce long trajet qui s'annonce périlleux. Ces survivants vont devoir suivre une ligne noire jalonnée de corps et d'effroi. Ne pas tomber en panne d'essence et de nourriture, ne pas tomber sur des gens retournés à la barbarie. Et surtout éviter la contamination mortelle.

Yana Vagner raconte avec une finesse psychologique hors du commun l'exode d'une dizaine d'individus, qui veulent sauver leur peau, alors que la Russie sombre dans le chaos. L'auteur signe un road-trip à la fois émouvant et terrifiant. Un chef d'oeuvre de suspense et d'acuité psychologique. L'un des meilleurs thrillers post-apocalyptiques de ces dix dernières années. Un livre surprenant et intelligent qui évite tous les écueils grand-guignolesques du genre. Pas de surenchère gore. Pas de violence exagérée, même si de la violence il y en a forcément, au vu du contexte. Mais cette violence est souvent suggérée, et cela n'enlève en rien la terreur qu'elle nous inspire, bien au contraire.

Certes, il y a de l'action, du suspense, une tension dramatique omniprésente, car sur ces routes enneigées et interminables, le danger peut survenir n'importe où et n'importe quand. Mais ce que j'ai aussi beaucoup aimé dans ce roman, c'est sa dimension psychologique. L'auteure sonde avec un réalisme exceptionnel les rapports psychologiques entre des individus qui doivent vivre ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans des conditions extrêmes. Car bien évidemment, on est très loin ici du monde des Bisounours !

L'auteure nous fait vivre cette odyssée désenchantée à travers les yeux d'Anna, l'unique narratrice de ce livre. Une narration à la première personne qui renforce la dimension psychologique du roman. La jeune femme nous livre sa perception des événements, ses émotions, ses sentiments, entre peur, colère, jalousie, paranoïa, amour, haine, et espoir en des jours moins sombres. J'ai vraiment été captivé par ce roman qui dégage une grande puissance d'évocation. Et qui porte la marque d'une écrivaine de talent, au style âpre, dense et envoûtant. J'ai hâte de lire la suite Le Lac

Yana Vagner, Vongozero, Pocket, 540 pages, traduit du russe par Raphaëlle Pache, sorti en 2011 (Russie) 2014 (France)

Je vous conseille aussi:

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire