vendredi 8 mars 2019

La dernière pluie, d'Antti Tuomainen


"J'ai reporté mon regard sur la pluie qui tombait depuis plusieurs mois déjà. Le déluge qui avait commencé début septembre ne s'était interrompu que par moments. Parmi les quartiers maritimes de Helsinki, au moins Jätkäsaari, Kalasatama, Ruoholahti, Herttoniemenranta et Marjaniemi étaient constamment submergés, et de nombreux habitants avaient déjà définitivement abandonné leur domicile. Les appartements ne restaient pas vides longtemps. Même moisis, humides et partiellement inondés, ils convenaient aux centaines de milliers de réfugiés étrangers."

Helsinki, veille de noël, Johanna Lehtinen, épouse du poète Tapani Lehtinen, a disparu. Cette journaliste chevronnée enquêtait sur des meurtres en série revendiqués par un tueur appelé Le Guérisseur. Désespéré, Tapani va tout mettre en oeuvre pour retrouver sa bien-aimée dans une capitale finlandaise désemparée, chaotique, au seuil de l'apocalypse. Une ville devenue dangereuse, surpeuplée, regorgeant de réfugiés climatiques qui cherchent à gagner le Nord pour échapper à la montée des eaux. Aidé par un chauffeur de taxi, Tapani va arpenter inlassablement Helsinki, témoin désespéré d'un désastre écologique en marche. Mais aussi un homme doté d'une grande sensibilité et nostalgique d'un monde et d'une époque qui ont disparu. Seul son amour immense pour sa femme évitera au poète de perdre pied alors que les ennuis s'accumulent, et que se dévoile petit à petit la vérité sur cette disparition inquiétante.

La dernière pluie nous entraîne dans l'univers à la fois violent et poétique du finlandais Antti Tuomainen. On ne peut que se prendre d'affection pour le personnage principal de ce thriller d'anticipation. Et on a vraiment envie qu'il la retrouve saine et sauve, sa femme. Parce que sinon, ce sera vraiment la fin pour Tapani. Car le poète recherche sa femme avant tout parce qu'il l'aime sincèrement. Mais aussi parce que cette quête donne un sens à sa vie dans un monde qui n'en a plus du tout de sens. Il n'y a plus de repères, plus rien. Si Tapani retrouve sa femme, le monde ne reviendra pas à la normale. La fin est proche, mais cette fin, Tapani ne la vivra pas seul, il la vivra avec la personne qu'il aime le plus au monde. 

Ce roman assez court (250 pages dans sa version poche) est un mélange totalement réussi de thriller d'anticipation et de polar noir. C'est bien écrit, dans un style dépouillé, pur, économe, au service d'un récit très bien construit. L'auteur distille savamment les indices et dévoile petit à petit la vérité, tout est subtilement et efficacement contrôlé. Et j'ai vraiment aimé l'atmosphère qui règne dans ce roman, un juste équilibre entre une réalité impitoyable et violente et la nostalgie d'une époque douce, pleine d'amour, pétrie d'humanité. Enfin, l'auteur délivre en filigrane un appréciable message écologique, et tire la sonnette d'alarme. 

Antti Tuomainen, La dernière pluie, Pocket, 256 pages, traduit du finnois par Alexandre André, sorti en 2010 (Finlande) 2013 (France)

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