jeudi 8 novembre 2018

L'année du lion, de Deon Meyer


"Après Petrusville, je jette un coup d'oeil par mon judas à bâbord, je vois nos terrains d'irrigation, les champs qui s'étendent au bord du fleuve, les tournesols et le maïs, les légumes. Je vois les habitants d'Amanzi qui travaillent dans les champs, ces braves et bonnes gens. Je vois les pompes électriques, les tracteurs, les pick-up, un camion, la technologie que nous avons ressuscitée. Comment peut-il y avoir des mondes tellement disparates ? Comment expliquer le barbarisme des hommes qui ont poignardé Okkie et celui des Maraudeurs ? Et à côté, il existe cette oasis que mon père a su créer. 

Appartenons-nous à la même espèce ?" Se demande Nico Storm, principal narrateur de cette histoire puissante, stupéfiante, mettant en scène des personnages hors normes. Nico et son père Willem ont survécu à une pandémie qui a décimé la quasi-totalité de l'espèce humaine. Les Storm tentent de survivre dans une Afrique du Sud dévastée. Un monde post-apocalyptique qui rappelle La Route, 28 jours plus tard, ou encore Le Fléau.

D'un côté, Willem Storm décide de fonder Amanzi, une nouvelle colonie humaine destinée à vivre en complète autarcie. En harmonie avec la nature, et dans la paix. De l'autre, certains hommes ont plongé dans la barbarie la plus totale et survivent en pillant, en volant, et en tuant. Un monde en apparence manichéen, le bien et le mal. Mais la réalité est beaucoup plus complexe et nuancée, et Willem Storm sera assassiné dans de bien curieuses circonstances.

Je l'avoue, je ne suis pas spécialement fan de Deon Meyer, le plus connu des auteurs de polars sud-africains. J'ai plutôt bien aimé Jusqu'au dernier, Les soldats de l'aube, et L'âme du chasseur, beaucoup moins 13 heures, 7 jours, et Kobra, arrêté au bout de 50 pages. Mais avec L'année du lion, formidable polar post-apocalyptique, je crois qu'on tient là LE chef d'oeuvre de Deon Meyer. Une histoire poignante qui dégage une puissance hors du commun. Une fresque épique et violente. Une histoire qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher. Avec en toile de fond un message écologique fort. Une réflexion sur le devenir de l'humanité, et sur son rapport au monde.

"J'ai écrit L'année du lion avec ferveur. C'est une histoire qui m'a obsédé pendant cinq ans." Oui, je vous crois sans problème quand vous dites ça Monsieur Meyer. L'année du lion est plus qu'un livre c'est une expérience, un récit à plusieurs voix qui nous procure d'intenses émotions. C'est une mécanique de précision parfaitement huilée, il y a de l'action, du suspense, des rebondissements, de l'amour, de la haine, de l'amitié, bref c'est un récit pétri d'humanité pour le meilleur et pour le pire. L'année du lion séduit par la psychologie fouillée de ses nombreux personnages et par son intrigue captivante. En outre, j'ai été captivé par le quotidien de cette communauté Amanzi. Sa création, puis son développement agricole et industriel, les rouages économiques, technologiques, sociaux, et bien sûr politiques. Les conflits qui sont inévitables et inhérents à l'espèce humaine. Les guerres contre les barbares. Et enfin, les paysages magnifiquement retranscrits par l'auteur. Bref, vous l'aurez compris, j'ai dévoré ce livre de bout en bout, qui aura peut-être une suite.

Deon Meyer, L'année du lion, Points, 720 pages, traduit de l'afrikaans et de l'anglais par Catherine Du Toit et Marie-Caroline Aubert, sorti en 2016 (Afrique du Sud) 2017 (France)

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