mardi 8 février 2022

Fragile est la nuit, d'Angelo Petrella

 

L'anti-héros de ce polar très noir est un inspecteur de police à la dérive. Denis Carbone traîne beaucoup de casseroles, c'est le moins que l'on puisse dire. Pourtant, ce flic tenace, capable de résoudre des enquêtes complexes, était promis à un bel avenir, mais Denis est tombé dans le piège de la corruption. Il faut dire que les tentations sont grandes dans une ville comme Naples. Naples ce n'est pas l'Italie, c'est un monde à part. Mais attention, il n'y a pas que des ghettos dans cette très grande ville. Certes, la misère sociale, la saleté et l'insécurité sont bien présentes, mais Naples regorge aussi de lieux merveilleux et insolites, et de quartiers très riches. L'auteur fait très bien ressortir tous ces contrastes saisissants. C'est donc dans cette ambiance à la fois fascinante et dérangeante qu'évolue Denis Carbone, qui végète depuis des années dans un petit commissariat. 

Jusqu'à ce que survienne l'affaire qui va le remettre sur le devant de la scène, pour le meilleur mais surtout pour le pire : le meurtre d'une riche et sulfureuse quadragénaire. Une enquête très épicée pour notre inspecteur, qui va ouvrir une véritable boîte de Pandore. 

Fragile est la nuit repose sur une intrigue complexe et des personnages ambigus à souhait dans une ville à la fois fascinante et menaçante. C'est un court polar noir et classique. Son personnage principal, Denis Carbone, rejoint la longue liste de ces flics, solitaires, alcooliques, instables, qui peuplent la littérature policière. Mais qui sont capables aussi quand il le faut de retrouver leur flair de flic brillant, pour résoudre des enquêtes souvent périlleuses. Je pense au Harry Hole de Jo Nesbo, la Lorraine Page de Lynda La Plante, le Paul Lorenzo d'Ivan Zinberg, ou le Matt Scudder de Lawrence Block. 

Au final, un polar crépusculaire, aussi intéressant dans sa mécanique purement policière que dans son arrière-fond social. Un style d'écriture nerveux, sec, incisif au service d'une intrigue bien glauque, bien poisseuse, qui dévoile les coulisses souvent peu reluisantes de Naples, cette cité protéiforme si chère à Angelo Petrella. Et on peut apprécier un roman mais pas son personnage principal, Fragile est la nuit en est la preuve. Car Denis Carbone est tout sauf quelqu'un d'attachant et d'aimable, bien au contraire. J'ai donc été globalement séduit  par ce polar, mais pas entièrement emballé non plus. C'est très classique, c'est du déjà-vu. Et le récit manque parfois de fluidité et de clarté. Mention passable, voire assez bien !

Angelo Petrella, Fragile est la nuit, 10/18, 185 pages, traduit de l'italien par Nathalie Bauer, sorti en 2018 (Italie) 2020 (France)

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