lundi 16 mai 2022

Noir côté cour, de Jacques Bablon

 

Votre polar je vous le sers comment ? Noir, court, et sans artifice s'il vous plaît. Ok, pas de problème, j'ai ça en rayon je vais vous le chercher de suite. Voilà, vous m'en direz des nouvelles, ça s'appelle Noir côté cour. Et oui, c'est noir, et court, et sans gras, sans fioritures, c'est direct, ça va à l'essentiel, ça se déguste d'une traite. 

Vous l'aurez compris à la lecture de cette introduction, j'ai vraiment bien aimé ce récit d'une efficacité redoutable. Mélange de polar d'enquête classique et de roman noir de critique sociale. L'essentiel de l'action se déroule donc dans la cour d'un immeuble parisien. Les personnages principaux sont les habitants. Bon comme on est dans le domaine du polar noir, forcément la plupart de ces personnages ne vont pas rester vivants bien longtemps. 

Partons du haut, du cinquième et dernier étage, pour y trouver Galien Rivière, alias Gal, un jeune homme solitaire qui vivote de petits boulots et habite dans un studio appartenant à son père. Qui possédait tout l'immeuble mais vend petit à petit tous ses biens immobiliers pour éponger ses dettes se jeu. Gal sait donc qu'il est en sursis et que le studio sera bientôt mis en vente. 

Au quatrième étage, on trouve un couple de trentenaires. Guillermo et Dorothéa. Qui ne comprend plus le comportement de son homme. Dorothéa est persuadée que Guillermo est tombé amoureux de la fille du deuxième étage. Tasamina, une jeune femme d'origine étrangère hébergée par Ugo Lighetti, qui travaille dans une association d'aide aux migrants. Ugo, qui vit seul depuis que sa femme est morte et que ses deux enfants ont quitté, dans la foulée, le foyer. Ugo, qui a ses secrets inavouables. 

Et enfin, au premier étage, habitent provisoirement deux activistes lettons, qui doivent prendre la fuite au plus vite, et qui risquent d'être accusés, à tort, du meurtre d'un importateur de pistaches habitant au troisième étage de l'immeuble. Tout un programme, et croyez-moi vous n'êtes pas au bout de vos surprises, de l'action, du suspense, des rebondissements, vous allez en avoir. 

Bref, un très bon polar écrit dans un style incisif que je vous recommande vivement. Je ne veux pas trop en dévoiler, mais il y a aussi beaucoup de symboles dans ce livre, ainsi qu'une belle réflexion sur la vie. Dorothéa, finalement l'un des personnages les plus abjects du livre, qui refuse d'avoir un enfant en invoquant un argument extrême. Et qui, en plus, n'est pas la véritable raison. La véritable raison étant qu'il n'y a aucun amour dans son couple. Et globalement la jeune femme est incapable d'aimer, par contre elle est capable de beaucoup de haine. Et forcément, à comportement extrême, raison extrême. Mieux vaut donc qu'elle ne devienne pas mère. 

Et à l'inverse, deux gentils, deux belles âmes, deux écorchés vifs, dont je ne dévoilerai pas l'identité, vont finir par se trouver et par s'aimer. Et par, naturellement, faire un enfant qu'ils élèveront à la campagne, dans le respect de la vie et de l'environnement. Car en général, pas toujours, mais en général, les gentils font des enfants gentils, et le monde manque cruellement de gens gentils, vous ne trouvez pas ? 

Jacques Bablon, Noir côté cour, Jigal Polar, 183 pages, sorti pour la première fois en France en 2021. 

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