Gros. Non, plutôt énorme coup de cœur pour ce court roman noir social que j'ai dévoré d'une traite. Assurément je lirai d'autres romans de cet auteur français qui sait raconter une histoire, aucun doute là-dessus. Un style d'écriture concis, sobre, limpide au service d'un récit fluide, remarquablement construit. Je vous résume brièvement l'intrigue: Paris, de nos jours, Lino occupe un emploi de bureau répétitif, abrutissant. Métro-boulot-dodo. Enfin, le dodo est plutôt agité, car, la nuit, Lino tente d'écrire des histoires, sans jamais arriver à les finir. Le trentenaire célibataire a l'impression de passer à côté de sa vie, d'être resté à quai. Jusqu'à l'arrivée de Jessica, une jeune SDF, qui squatte le palier de Lino. Puis son studio. Une rencontre qui va bouleverser bien des destins, je ne vous en dis pas plus et vous laisse le soin de découvrir ce très beau roman noir.
Philippe Hauret s'inscrit dans le souci d'une narration réaliste et dévoile, à travers cette histoire pétrie d'humanité, les coulisses d'une société française mortifère. L'auteur dresse le portrait au vitriol d'une société de consommation en perte de vitesse, et de sens, qui produit des individus interchangeables et surtout malheureux. Je suis un guépard est un roman engagé, de critique sociale, qui prend à la gorge, tant il semble vrai, et qui révèle, pour moi, un écrivain de tout premier ordre, capable de nous transmettre des émotions et des messages forts.
Ce roman à la fois réaliste et captivant m'a donc beaucoup plu, par sa simplicité, par sa fulgurance. L'auteur va à l'essentiel, il n'y a pas de gras, pas de fioritures, pas de remplissage inutile. C'est pur et dur, c'est entier, et surtout c'est très bon. On est très loin des thrillers calibrés truffés de rebondissements improbables. Philippe Hauret s'inscrit dans la plus pure tradition de ce qu'on appelle le genre néo-noir. Des romans qui cherchent à gratter le vernis d'une société superficielle pour en révéler les problèmes: ceux d'une structure qui valorise l'argent - légal ou illégal - comme seul signe de réussite et au sein de laquelle les inégalités ne cessent de se creuser.
Philippe Hauret, Je suis un guépard, Jigal Polar, 214 pages, sorti en 2020.
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