Il y a deux Cuba: Le Cuba policé, de
façade pour les touristes, et le vrai Cuba, celui du socialisme à la Fidel
Castro. Un Cuba dévasté, chaotique, au seuil de l'apocalypse. C'est ce Cuba là
que nous dépeint, de manière crédible, le très talentueux Nick Stone, dans son
dernier roman, clôturant une trilogie qui fera vraiment date dans l'histoire du
polar. Après le très spectaculaire Tonton Clarinette, et
l'envoûtant Voodoo Land, Cuba Libre retrace la dernière enquête, ou plutôt
quête du privé Max Mingus, un ex-flic désabusé qui traque des ombres, à
commencer par celles qui jalonnent sa vie. Une quête de vérité aussi, sur les
morts violentes des deux êtres qui ont façonné sa vie: son coéquipier et
meilleur ami Joe Liston, le juste, et son mentor et père de substitution Eldon
Burns, le pourri.
Ancien chef de la police de Miami, Burns est assassiné de
deux balles dans les deux yeux. Liston est assassiné de la même façon, cette
fois-ci sous les yeux de Max. Son enquête va le conduire sur les traces de la
mystérieuse et insaisissable Vanetta Brown, et l'entraîner dans un road-trip
hallucinant et noir comme le cauchemar sur les routes de Cuba. Un pays ravagé
par la misère.
On retrouve dans ce roman tout ce qui fait la force de Nick Stone: une intrigue complexe et palpitante, une écriture musclée et spectaculaire, des dialogues percutants, des scènes chocs, et un final déchirant et inoubliable. Cuba Libre est pour moi le roman le plus noir de l'auteur à ce jour, c'est aussi un thriller politique d'une implacable lucidité. L'auteur en profitant pour critiquer le socialisme à la Fidel Castro, mais également l'impérialisme américain. Pas de manichéisme donc, juste la triste réalité. Les riches s'enrichissent, et les pauvres s'appauvrissent !
Nick Stone, Cuba Libre, Gallimard, 512 pages, traduit de l'anglais par Samuel Todd, sorti en 2011 (Royaume-Uni) 2013 (France)
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