vendredi 25 novembre 2016

L'usine à lapins, de Larry Brown


Il paraît que ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier. Larry Brown est mort à 53 ans d'une crise cardiaque, laissant une oeuvre hors norme, qui marquera durablement le genre du roman noir américain. Oui, Larry Brown avait certainement encore beaucoup de personnages en lui. Des personnages souvent désabusés, en marge de la société, des citoyens abandonnés du rêve américain, auxquels la vie n'a pas fait de cadeau. Dans ses romans pétris d'humanité, Larry Brown s'amuse donc à brasser les destinées de ses personnages, et nous lecteurs prenons plaisir à les accompagner dans des aventures à la fois insolites et réelles. Du romanesque teinté d'un réalisme sale. Le roman noir version Amérique profonde, mais au sens péjoratif du terme.


L'usine à lapins est mon roman préféré de l'auteur, son chef d'oeuvre, son roman noir le plus abouti. Une oeuvre chargée en émotions, peuplée de personnages inoubliables, entraînés dans un tourbillon d'aventures: un septuagénaire impuissant marié à une femme de 40 ans, qui ramène à la maison un jeune fugueur pour satisfaire ses besoins sexuels ; Un livreur de viande et dealer d'herbe, qui va semer le chaos après avoir heurté un cerf sur la route ; Une jeune campagnarde fauchée, reconvertie en stripteaseuse, dont les amants disparaissent les uns après les autres... Bref, Larry Brown atteint le sommet du roman noir avec ce roman puissant, formidable concentré d'humanité.

Sur la forme, le style de Larry Brown est fluide, dynamique: une formidable écriture pleine de vitalité, et surtout pétrie d'humanité.  Une écriture mature, charpentée, sans chichis, sans gras, sans fioritures. Il faut dire que Larry Brown a pas mal roulé sa bosse, il a exercé de nombreux métiers très variés. Ce vécu transparaît dans son style et dans ses histoires. Une certaine vision de l'Amérique profonde, bien loin des clichés habituels. Pour toutes ces raisons, L'usine à lapins est un classique incontournable du roman noir américain.

Larry Brown, L'usine à lapins, Gallmeister, 416 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Furlan, sorti en 2003 (Etats-Unis) 2005 (France)

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