vendredi 31 mars 2017

La veuve, de Fiona Barton


2010 en Angleterre: Kate Waters, une journaliste d'investigation qui travaille pour un grand quotidien anglais, frappe à la porte de la maison de Jane Taylor, qui vient de perdre son mari Glen. Kates Waters espère obtenir en exclusivité les confessions de la veuve, qui a partagé la vie de l'homme le plus détesté du pays. En effet, Glen Taylor est soupçonné d'avoir enlevé quatre ans plus tôt une petite fille. Le 2 octobre 2006: Bella Elliott, âgée de deux ans, joue dans le jardin, tandis que sa mère Dawn se trouve dans la cuisine. Quand Dawn sort de la maison, sa fille a disparu. L'inspecteur Bob Sparkes est chargé de l'enquête. Un homme tenace, obstiné, qui va développer une véritable obsession pour cette affaire, son affaire. Ses recherches acharnées pour retrouver Bella vont le conduire à Glen Taylor. 

Au premier abord, Glen Taylor représente le Monsieur tout-le-monde par excellence. Sauf que cet homme étrange est adepte de pédo-pornographie sur Internet. Et sa jeune épouse Jane semble être totalement sous son emprise. Alors, qui a enlevé Bella ? Glen Taylor ? Si oui, sa femme Jane est-elle complice ou victime ? Et enfin, Bella est-elle toujours en vie ?

C'est bien simple, j'ai dévoré ce livre, je l'ai lu d'une traite. Ce whodunit palpitant a pris possession de moi dés les premières pages. Impossible de le lâcher, ce récit m'a tenu en haleine du début à la fin. Pour l'instant, c'est LE polar de cette année 2017. D'une part, La veuve est un page turner palpitant, enlevé, un fast and furious book qui nous captive, et nous procure des émotions fortes. Un récit à plusieurs voix à la construction impeccable, très bien écrit. Un style simple, direct, économe. Fiona Barton excelle à tendre l'atmosphère, à brouiller les pistes, à semer le doute sur la culpabilité de Glen taylor, et sur le rôle de son épouse dans cette histoire bouleversante. Tout est subtilement et efficacement contrôlé. Du grand art !

Mais il y a surtout de la densité, du caractère, de la profondeur dans ce récit poignant. En effet, Fiona Barton ne raconte pas seulement une enquête criminelle pleine de rebondissements, l'auteure aborde également des thèmes d'actualité, de manière très crédible. Le regard que Fiona Barton porte notamment sur les médias anglais est d'une glaçante lucidité. Le but est de faire du chiffre, de vendre du papier, et la fin justifie les moyens, tous les coups sont permis. Quitte à diffuser de fausses informations, ou des informations qui n'auront pas été vérifiées. On fait dans le sensationnel, dans le spectaculaire. L'auteure retranscrit parfaitement toutes ces dérives médiatiques, et leurs conséquences sur l'affaire. 

Enfin, ce roman est une réflexion très subtile sur la vérité. Chacun a sa propre perception de la vérité. Et certaines vérités ne veulent pas être entendues. Je n'en dis pas plus, je vous laisse le soin de découvrir ce premier roman totalement abouti, qui dévoile une auteure surdouée. Fiona Barton démontre un talent immense pour échafauder une intrigue diablement efficace, et camper des personnages forts. La mère, la journaliste, l'inspecteur, le suspect, la femme du suspect, tous acteurs d'un drame terrible exploité sans vergogne par les tabloïds. 

Fiona Barton, La veuve, Fleuvenoir, 416 pages,  traduit de l'anglais par Séverine Quelet, sorti en 2016 (Angleterre) 2017 (France)

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