vendredi 24 mars 2017

Les filles des autres, d'Amy Gentry


Le blog Les conseils polars de Pietro ne contient que des articles sur des romans que j'ai aimés, et que je vous conseille donc de lire. Les déceptions, les polars que j'arrête de lire au bout d'une dizaine de pages, je n'en parle pas, et je n'en parlerai jamais. Le but de ce blog est de conseiller, pas de déconseiller. Je ne suis pas à l'aise avec le fait de descendre un polar, de le critiquer de manière purement négative. Je pars du principe que, dans tout oeuvre, il y a du positif et du négatif. Lorsque l'impression d'ensemble qui se dégage d'un polar est plus positive que négative, alors je publie un article sur ce blog. Tout ça pour dire que j'ai bien failli ne pas rédiger d'article sur ce thriller américain Les filles des autres, paru en janvier dernier. Ce sont clairement les cent dernières pages qui sauvent ce roman de la médiocrité. Qui donnent du sens à ce thriller, et apportent un éclairage sur les intentions de l'auteure. Mais avant d'arriver aux cent dernières pages de ce livre,  il y a de quoi se poser des questions: on ne sait pas trop si c'est du thriller commercial standard, calibré, vite lu et vite oublié, ou bien si c'est un roman plus complexe, qui porte un message, ou une réflexion sur des thèmes d'actualité.

Je vous résume l'intrigue: Julie Whitaker, une jeune fille de treize ans, est kidnappée en pleine nuit, sous les yeux de sa petite soeur Jane, dans la maison familiale. Huit ans plus tard, une jeune femme frappe à la porte de cette même maison: Julie. Julie est revenue, un vrai miracle. Mais cette jeune femme, qui semble avoir vécu d'atroces sévices, est-elle vraiment la fille de Tom et Anna Whitaker ? Le doute s'installe dans la tête d'Anna, d'autant qu'un ex-inspecteur, en charge de l'affaire à l'époque de la disparition, est certain, preuves à l'appui, que Julie est morte et enterrée depuis bien longtemps. 

Le roman s'articule autour de deux récits qui se chevauchent: un récit au présent qui raconte la quête de vérité d'une mère déboussolée par le retour de sa soi-disante fille ; Et un récit à rebours, qui nous plonge, de manière effroyable, dans le passé trouble et sulfureux, de cette jeune femme mystérieuse et tourmentée. Un peu gros vous ne trouvez pas ? Une intrigue improbable, tirée par les cheveux. J'ai failli m'arrêter au bout de cent pages. Mais je ne sais pas, ça paraissait tellement gros que, finalement, j'ai eu envie de savoir comment ça allait se terminer. Et aussi parce que ce double récit est plutôt bien mené, et le style d'écriture d'Amy Gentry est globalement agréable, fluide, percutant. Même si parfois, certains passages manquant de limpidité. Mais j'ai persévéré, et bien m'en a pris, car j'ai lu d'une traite les cent dernières pages du livre.

Ce thriller gagne en densité, en profondeur, en clarté. L'auteure s'est donc servi de cette intrigue à rebondissements pour aborder plusieurs thèmes d'actualité: le passage de l'enfance à l'adolescence, les conséquences physiques et psychologiques qui en découlent, le rôle des parents en tant qu'accompagnateurs de ces changements. Et cette question: connaît-on vraiment ses enfants ? Sait-on vraiment ce dont ils ont besoin pour combattre cette crise de l'adolescence ? Ensuite, quel est le rôle de la société en général ? 

Dans ce thriller glaçant, Amy Gentry a imaginé le pire scénario possible: la société américaine se décompose totalement, au niveau de ses valeurs et de ses principes. Un manque de repères viables qui pousse certains adolescents à se tourner vers la drogue, l'alcool, la religion, ou les relations virtuelles sur le Net. S'exposant ainsi au risque d'entrer en contact avec des pédophiles, qui exploitent notamment le phénomène de la cristallisation amoureuse pour attirer leurs proies. Phénomène abordé de manière terrifiante dans ce thriller finalement très noir. je n'en dirai pas plus, je vous laisse le soin de découvrir ce roman qui souffle le chaud et le froid. Pas un thriller inoubliable, pas un roman qui restera dans les annales du genre, mais qui mérite d'être lu pour son dénouement poignant.

Amy Gentry, Les filles des autres, La bête noire Robert Laffont, 316 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Simon Baril, sorti en 2016 (Etats-Unis) 2017 (France)

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