dimanche 19 avril 2020

La coupure, de Fiona Barton


"La marche à suivre, elle le savait, c'était téléphoner à Terry pour le mettre au courant, mais cela signifiait faire une croix sur la minuscule maimise qu'elle avait encore sur cette histoire. On la lui arracherait, on la disséquerait, on en discuterait, elle passerait de main en main, serait manipulée par des gens qui n'avaient jamais rencontré ni Barbara, ni Angela, ni Emma.
C'est ça, le journalisme, Kate, entendait-elle son ancien patron clamer. Tu es là pour raconter leur histoire, pas pour les materner. Tu t'impliques trop. 
Mais il fallait s'impliquer pour l'obtenir cette histoire. Les maîtres de conférences qui enseignaient la communication et le journalisme à la fac à des gamins comme Joe Jackson radotaient sur l'objectivité et la juste mesure, mais elle doutait qu'ils restent sans émotion face à la victime d'un viol ou la mère d'un enfant maltraité. Sans empathie, sans compassion pour la douleur de l'autre, comment raconter une telle histoire et saisir la vérité de la situation."

Le journalisme selon Kate Waters, plus qu'un métier, une passion, une vocation, une mission, sa mission qui prime sur tout, y compris la vie de famille. Et dire qu'elle faillit rater de peu un paragraphe tout en bas de la colonne des brèves de l'Evening Standard. Le squelette d'un bébé avait été exhumé sur un chantier. Qui est ce bébé ? Comment est-il mort ? Qui pourrait enterrer un bébé ? En décidant de s'intéressser à ce fait divers sordide, Kate ne sait pas encore qu'elle s'apprête à ouvrir une véritable boîte de Pandore.

Ha, le deuxième roman, quelle pression pour un(e) auteur(e). Et encore plus quand le premier roman a rencontré un très grand succès, ce qui le fut le cas de La Veuve. Le premier roman de Fiona Barton fut un vrai bestseller, traduit dans une trentaine de pays. Un succès mérité. J'avais également dévoré ce livre. Donc, presque obligatoirement, mon niveau d'attente était assez élevé par rapport à La coupure, le deuxième thriller de la journaliste anglaise.

Alors verdict ? La coupure est un bon thriller psychologique, mais qui se situe un ton en-dessous de La Veuve. Je n'ai pas retrouvé dans ce roman l'intensité émotionnelle ressentie à de la lecture de La Veuve. Attention, ce n'est pas une déception non plus. Globalement, on retrouve dans La coupure tout ce qui fait la force de Fiona Barton: un style d'écriture simple, alerte, incisif au service d'une intrigue remarquablement construite, magistralement entrelacée. Un récit à plusieurs voix qui entremêle habilement le passé et le le présent et qui dévoile petit à petit ses secrets. Et on retrouve avec plaisir la journaliste chevronnée Kate Waters, qui a couvert l'affaire de La Veuve

L'intrigue est riche en rebondissements, Fiona Barton ne lésine pas sur le romanesque, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais je trouve que l'ensemble manque un peu de punch, de rythme, même si ça s'accélère dans les cents dernières pages. Le dénouement est riche en révélations, et certains passages sont chargés d'émotion. Au final, un thriller psychologique de bonne facture, avec son lot d'émotions fortes. Les personnages sont assez bien campés. Mention assez bien.

Fiona Barton, La coupure, Pocket, 505 pages, traduit de l'anglais par Séverine Quelet, sorti en 2017 (Angleterre) 2018 (France) 

Du même auteur sur ce blog:
La Veuve 

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Au fond de l'eau, Paula Hawkins 
Disparu à jamais, Harlan Coben


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