vendredi 3 mai 2019

L'été des meurtriers, d'Oliver Bottini


L'été des meurtriers est le second volet d'une série policière allemande mettant en scène Louise Boni, commissaire à la police judicaire de Fribourg. Un conseil: si vous souhaitez vous lancer dans la lecture des enquêtes de Louise Boni, lisez d'abord le premier volet Meurtre sous le signe du zen. Car dans L'été des meurtriers, l'auteur fait souvent référence à des évènements survenus dans Meurtre sous le signe du Zen. Et puis lire cette série policière dans l'ordre permet de suivre l'évolution psychologique de son personnage principal Louise Boni. Pas indispensable, car les intrigues de chaque roman sont différentes, mais fortement conseillé quand même ! 



Ce polar politique dont l'essentiel de l'action se déroule essentiellement dans le Land du Bade-Wurtembourg repose sur une intrigue complexe, touffue, et sur son personnage principal Louise Boni. Quelques mots clés sur cette intrigue très politique aux ramifications internationales: trafic d'armes, meurtres, guerre en ex-Yougoslavie, Pakistan, terrorisme, espionnage. Gros programme n'est-ce pas ? L'auteur a concocté une intrigue très post-11 septembre. L'histoire se passe au début des années 2000 alors que la plupart des pays occidentaux sont en alerte maximale par rapport aux attentats terroristes. Et elle est donc vécue et racontée par Louise Boni, qui va mener l'enquête à sa manière très personnelle, et surtout très singulière. Et le chemin sera particulièrement semé d'embûche pour cette commissaire divorcée, amoureuse d'un homme marié, dépressive et en plein sevrage alcoolique. Et la complexité hallucinante de l'administration judiciaire allemande ne va faire qu'entraver sa recherche de la vérité. Bon courage pour vous y retrouver avec tous ces départements, ces services, et ces sigles: le D11, le D23, le LKA, le MEK etc...

On sent qu'il y a beaucoup de travail derrière ce polar fort bien documenté à tous les niveaux: rouages administratifs, collaboration entre les différents services de police, situation géopolitique mondiale. Et surtout il y a une vraie originalité de la part d'Oliver Bottini dans son approche psychologique au niveau des émotions des personnages, et de leurs intéractions. Ce qui donne également à ce roman une atmosphère très singulière, et profondément humaniste. Le final est assez bouleversant et très noir. Et on ne peut que s'attacher à Louise Boni, personnage très fouillé qui n'a pas encore livré tous ses secrets. 

Après, tout n'est pas parfait dans ce polar, mélange de roman noir et de thriller politique. L'intrigue n'avait pas besoin d'être aussi complexe, je pense qu'elle aurait pu être simplifiée sans perte de crédibilité. En outre, un glossaire des différents services de police avec les sigles correspondants aurait été très utile en début ou en fin de roman. Dur de s'y retrouver dans tout ça, et le récit s'en trouve inutilement alourdi. Ce qui permet d'enchaîner avec le style d'écriture de l'auteur, un style particulier, à la fois assez limpide sur la forme mais très elliptique sur le fond. Au fur et à mesure de la lecture, on oscille donc souvent entre l'incompréhension et la compréhension, ce qui peut être assez déroutant. Et il y a des mots manquants, des fautes d'orthographe tout au long du récit. Enfin, il y a trop de répétitions, de redondances, certains passages sont trop longs, et n'apportent pas grand chose au récit.  Au final, un polar assez déroutant, à la fois dans le bon et le mauvais sens du terme. Un roman qui a les défauts de ses qualités. 

Oliver Bottini, L'été des meurtriers, L'Aube noire, 560 pages, traduit de l'allemand par Didier Debord, sorti en 2006 (Allemagne) 2014 (France)

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