mercredi 11 mars 2020

Zack, de Mons Kallentoft et Markus Lutteman


Que voilà un excellent polar suédois, classique mais efficace. Intrigue criminelle très bien ficelée, rondement menée, maîtrise impressionnante dans la conduite du récit, écriture limpide et musclée, de l'action, des scènes chocs, du suspense, des rebondissements, des personnages forts et bien campés, tous les ingrédients du très bon polar sont réunis. On sent qu'il y a du métier derrière, Zack est l'oeuvre de deux grands auteurs confirmés, c'est une mécanique de précision parfaitement huilée, bref c'est un polar solide, charpenté, qui tient toutes ses promesses.

Zack est donc le premier volet d'une série policière suédoise qui fera certainement date dans l'histoire du genre. 


Il s'agit d'une libre transposition du mythe grec d'Hercule dans la Stockolm d'aujourd'hui. Zack Herry, le héros de Kallentoft et Lutteman, est inspecteur de police. Son enfance fut très douloureuse: ayant perdu sa mère très tôt, Zack a dû s'occuper tout seul d'un père malade qui finira également par mourir. Le jeune garçon grandit dans une cité sensible de la capitale suédoise. Bref, un mal parti qui deviendra finalement inspecteur de police avec sa part d'ombre. Car Zack consomme régulièrement de la drogue et fréquente des gens peu recommandables.

Mais Zack est également une sorte d'inspecteur d'Harry teigneux, tenace, obstiné, un pitbull qui ne lâche rien et qui va tout faire pour résoudre l'enquête la plus périlleuse de sa carrière. Une plongée sans filet de sécurité dans les bas-fonds d'une capitale suédoise gangrénée par l'insécurité et les inégalités sociales. Au menu, des masseuses asiatiques brutalement exécutées, le corps d'une autre retrouvé mutilé, ajoutez-y l'extrême droite suédoise et la mafia turque, et vous obtenez un cocktail explosif pour un premier roman épicé. Une véritable poudrière criminelle et sociale. Et des morts, beaucoup de morts, trop de morts.

Au final, un polar coup de poing mené avec une dextérité hors du commun. Les deux auteurs s'inscrivent dans le souci d'une narration très réaliste et dévoilent les coulisses peu reluisantes d'une capitale complètement archipellisée. Zack est aussi passionnant dans sa mécanique purement policière que dans son arrière fond social et politique. 

Et on ne peut que s'attacher à cet inspecteur ambivalent et finalement terriblement humain, qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Bon, vous l'aurez compris, c'est histoire de nous donner encore plus envie de lire les prochains opus, et ça marche. Certaines questions demeurent sans réponses. Par exemple, qui a assassiné la mère de Zack ? Le coupable du meurtre de cette inspectrice de police n'a jamais été retrouvé. Zack est entré dans la police pour pouvoir un jour résoudre le meurtre de sa mère. Affaire à suivre, avec grand intérêt. Je lirai les deux autres opus qui ont suivi Léon et Bambi.

Mons Kallentoft et Markus Lutteman, Zack, Folio, 517 pages, traduit du suédois par Frédéric Fourreau, sorti en 2014 (Suède) 2016 (France)

Je vous conseille aussi:
Hiver, Mons Kallentoft
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