mercredi 21 juillet 2021

Sur le toit de l'enfer, d'Ilaria Tuti

 

Sur le toit de l'enfer est le premier roman très prometteur d'Ilaria Tuti. Son style élégant et limpide, sa finesse psychologique et son art du détail font de cette nouvelle venue dans le paysage du polar italien une recrue de choix. Et surtout une voix à part dans le roman policier contemporain. Sur le toit de l'enfer, un titre un peu racoleur au premier abord. On s'attend à lire un serial killer thriller classique, truffé de scènes chocs et sanglantes, et riche en rebondissements incessants, et souvent improbables. Pas du tout. Sur le toit de l'enfer est un polar intelligent, subtil, surprenant, et pétri d'humanité. Rarement une auteure de polars n'aura éprouvé une telle empathie envers la plupart de ses personnages. Avec en tête Teresa Battaglia, le protagoniste de cette histoire poignante, sensible.


L'essentiel de l'action se déroule dans les montagnes sauvages et enneigées du Frioul, en Italie. Un décor saisissant et vertigineux magnifiquement retranscrit par l'écriture précise et soignée d'Ilaria Tuti. Son premier roman frappe par sa maîtrise du rythme et des atmosphères, la finesse de son œil, et la richesse littéraire de son écriture. 

Sur le toit de l'enfer réunit tous les ingrédients du polar d'exception: une intrigue magistrale qui entremêle habilement le passé et le présent, et qui ne dévoile ses secrets que dans les toutes dernières pages du livre. Une atmosphère sombre et envoûtante. Des personnages fouillés, consistants. Et surtout un personnage principal atypique et très attachant. Le roman mérite d'être lu rien que pour faire la connaissance du commissaire Teresa Battaglia. 

On est loin des jeunes héroïnes habituelles. Teresa est une femme d'un certain âge, un peu bourrue mais pleine d'empathie, pétrie d'humanité, qui se bat contre le surpoids et la maladie. Une perte progressive de mémoire qui menace petit à petit sa capacité à exercer correctement son métier de flic. De flic de terrain. Car Teresa aime le terrain, elle aime être en première ligne. Traquer les tueurs, les sentir, les débusquer et les arrêter. Une femme de caractère, respectée et crainte par ses hommes qui lui sont entièrement dévoués. Car ils savent que Teresa ne lâchera jamais rien. Même si sa douleur est intense. 

Mais cette enquête sera placée sous le signe d'une traque, d'une chasse à l'homme peu ordinaire, alors qu'un crime vient d'être commis dans le village encaissé de Traveni. Teresa et son nouvel adjoint Massimo Marini n'auront pas d'autre choix que de dévoiler les coulisses mortifères de ce village perdu au fin fond des montagnes du Frioul, non loin de la frontière autrichienne. Et ce, dans des conditions climatiques extrêmes qui vont sérieusement compliquer la tâche de nos deux fins limiers. 

Au final, un premier polar "rural noir" surprenant, intéressant, chargé d'émotion et d'atmosphère, parfaitement maîtrisé, totalement abouti. Plus un whodunit qu'un serial killer thriller au sens strict du terme. Un polar touchant qui révèle une auteure de tout premier ordre. Je lirai ses prochains romans avec beaucoup de curiosité. 

Ilaria Tuti, Sur le toit de l'enfer, Pocket, 440 pages, traduit de l'italien par Johan-Frédérik Hel Guedj, sorti en 2018 (Italie et France)

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