vendredi 11 mars 2022

Polarama, de David Gordon

 

"Tout à la fois polar satirique et enquête littéraire, Polarama est un thriller aussi mauvais genre que déjanté". Je ne suis d'accord qu'à moitié avec cette présentation que vous trouverez en quatrième de couverture de la version en poche. La première moitié du livre peut effectivement se définir en ces termes. Le narrateur de cette histoire, Harry Bloch, est un écrivain raté qui publie des romans sous divers noms d'emprunt. De la série B allant du porno à la science-fiction, en passant par le polar. Harry vivote en attendant une gloire qui ne viendra pas, jusqu'à ce qu'il reçoive un courrier venant d'un fan un peu particulier, Darian Clay. Un tueur en série qui va bientôt être exécuté. Et qui a aussi ses fans, parmi lesquels de nombreuses femmes. Certaines correspondances sont torrides, très torrides. 


Darian propose à Harry de rencontrer ces femmes afin d'écrire des histoires pornographiques le mettant en scène avec elles. En contrepartie, Darian livrera en exclusivité à Harry des révélations sur son passé. Et surtout le tueur indiquera où il a planqué les têtes de ses victimes. Tout un programme !

Mauvais genre et complètement barré, c'est le moins que l'on puisse dire, à la lecture de cette intrigue tordue et échevelée. Sauf que la deuxième moitié du livre bascule globalement dans le classique serial killer thriller, saignant à souhait. Oui je préfère vous prévenir, il faut avoir l'estomac bien accroché pour poursuivre la lecture, certaines scènes sont bien saignantes. En filigrane, David Gordon livre une réflexion intéressante sur le métier d'écrivain pratiqué par son personnage principal, l'attachant Harry Bloch. 

J'ai bien aimé ce polar même si j'aurais préféré que l'auteur persévère dans la voie du déjanté, du décalé. Mais David Gordon a fait un choix qui se respecte. Et l'intrigue est bien ficelée, avec son lot de rebondissements, jusqu'à la toute fin. Sur la forme, le style d'écriture est nature, plein d'énergie et de vitalité, au service d'un récit remarquablement bien construit. Au final un bon polar, mélange de roman d'enquête et de thriller sanglant qui a du caractère, de la densité, de la profondeur. 

David Gordon, Polarama, Babel noir, 416 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laure Manceau, sorti en 2010 (Etats-Unis) 2013 (France)

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