Quelques conseils avant de donner mon avis sur le premier polar de l'américain Todd Robinson. Si vous aimez plutôt les polars subtils et raffinés, Cassandra n'est pas pour vous. Si vous aimez les personnages plutôt classiques et consensuels, Cassandra n'est pas pour vous. Et si vous aimez plutôt les ambiances cosy, Cassandra n'est définitivement pas pour vous. En fait, si Jean-Marie Bigard avait été un auteur de polars, il aurait très certainement écrit Cassandra. Sauf peut-être le dernier quart du roman qui bascule clairement dans une atmosphère sordide et très noire. Pour le reste, nous sommes clairement dans du polar "testostéroné" à mort, avec un humour très souvent en dessous de la ceinture. Un mélange épicé de roman noir urbain, de comédie potache et de thriller sanguinolent.
Avec ce premier roman, Todd Robinson illustre une veine toujours aussi peu représentée dans le polar, le tragi-comique, par une histoire pleine de rebondissements et finalement assez noire, malgré son aspect déjanté et un mauvais goût certain. Oui, très clairement, on peut dire que l'auteur ne fait vraiment pas dans la dentelle pour son premier roman, qui met en scène des personnages borderline.
Boo et Junior sont inséparables depuis leur enfance malheureuse passée dans les foyers et orphelinats de la ville de Boston. Les deux amis auraient pu facilement mal tourner en basculant dans la criminalité. Il faut dire qu'ils ont le physique de l'emploi avec leurs muscles de rugbymen et leurs nombreux tatouages. Il fallait pas les inviter, comme on dit. Mais Boo et Junior dirigent une modeste entreprise de sécurité qui vivote péniblement. Alors quand le procureur de Boston leur demande, moyennant une grosse récompense, de retrouver sa fille Cassandra, qui a disparu, Boo et Junior y voient enfin l'opportunité de changer de niveau de vie. Mais nos deux anti-héros ne sont pas au bout de leurs (mauvaises) surprises, et vont devoir plonger dans les bas-fonds de la ville. Attention à ne pas se noyer !
Au final, un premier roman globalement réussi, très américain dans son atmosphère, tour à tour hilarant et d'un réalisme dérangeant. Beaucoup de situations drôlissimes et complètement déjantées, des scènes chocs, un humour souvent très cru mais aussi quelques passages émouvants. Un style d'écriture direct et incisif, et un rythme de récit assez soutenu. De l'action, du suspense, des rebondissements, on en a pour son argent. Par contre, j'ai trouvé la fin un peu trop rapide. Mais je lirai d'autres romans de cet auteur prometteur dans un sous-genre du polar trop peu représenté.
Todd Robinson, Cassandra, Gallmeister, 329 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurent Bury, sorti en 2013 (Etats-Unis) 2015 (France)
Du même auteur sur ce blog:
Je vous conseille aussi:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire