"Mathis est dans un monde parallèle. Hier, son univers était composé de tableaux aux multiples valeurs, de performance, de présentations et de négociations commerciales. Aujourd'hui, il est entouré d'assassins et de trafiquants."
Au mauvais endroit au mauvais moment. La vie de Mathis, cadre parisien jusqu'ici sans histoire, pourrait se résumer à cet implacable constat. Ou à des "si". Si Mathis n'avait pas été viré de son entreprise, il n'aurait pas quitté son bureau, il n'aurait pas pris sa voiture, et il n'aurait pas percuté le scooter d'un dealer chargé de convoyer une toute nouvelle drogue. Pauvre Mathis, dont les ennuis vont vraiment s'accumuler. La loi de Murphy dans sa version la plus destroy, c'est le moins que l'on puisse dire !
Je tiens tout d'abord à remercier chaleureusement Babelio et les éditions Lajouanie de m'avoir envoyé gracieusement "ce roman policier mais pas que..." pour reprendre exactement la formule indiquée dans la première de couverture. Alors certes, le titre "Il ne rentre pas ce soir..." peut paraître un peu racoleur. Et surtout trompeur sur la marchandise, si j'ose m'exprimer ainsi. De prime abord, on pourrait s'attendre à trouver un énième thriller commercial ultra-calibré. Il n'en est rien, cela ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité.
Car Il ne rentre pas ce soir... est un vrai bon roman noir comme je les aime. Un opéra policier violent, sanglant avec un suspense hallucinant. Ou plutôt un jazz policier, un jazz noir comme le cauchemar, sorte de chant funèbre sur une société de démence et de sang. Les Tontons flingueurs version France d'aujourd'hui. Ou plus précisément Paris et sa banlieue, le théâtre des opérations. Pour cette histoire d'amour et de haine, de flics et de gangsters, de trahisons et de vengeances. L'auteur nous a concocté une intrigue taillée au couteau, riche en suspense et en rebondissements. Qui se doublent d'un portrait au vitriol de la société francilienne en totale décomposition. Une société fracturée, divisée, archipellisée.
Au final, un vrai roman d'auteur, qui a du caractère, de la densité, de la profondeur. Yannick Provost nous emmène dans un univers criminel impitoyable, implacable, légèrement adouci par le son du jazz, qui rythme ce récit mené pourtant à un rythme d'enfer, jusqu'au final "tarantinesque". J'ai bien accroché au style d'écriture très marqué de l'auteur. Un style sophistiqué quand il le faut, et cru quand il le faut aussi. Je préfère vous avertir, l'auteur ne fait pas dans la dentelle, car oui je le répète nous sommes dans un monde impitoyable où personne ne se fait de cadeau. C'est la loi du talion. Gros coup de coeur pour moi, très belle découverte. Avec un dernier conseil : ne vous attachez pas trop aux personnages du livre. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse le soin de découvrir ce très bon roman noir que je recommande sans réserve.
Yannick Provost, Il ne rentre pas ce soir..., Lajouanie, 260 pages, sorti en France en 2022.
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