jeudi 7 avril 2016

... Et justice pour tous, de Michaël Mention


Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ... Et justice pour tous est à ce jour, et de très loin, le meilleur polar de Michaël Mention, qui clôt de manière magistrale sa trilogie anglaise. C'est son roman le plus fort, le plus intense, mais aussi le plus noir. Oui un roman très noir, atroce, étouffant, implacable, impitoyable. Michaël mention confirme tout son talent pour camper des personnages forts et échafauder des scénarios diablement efficaces. Car il se dégage de ce polar coup de poing une puissance sauvage, électrique. Et l'intrigue est taillée au couteau. 

Sur le fond, on y retrouve Mark Burstyn, personnage phare de la trilogie, ancien chef de police qui, à 72 ans, s'est exilé à Paris, pour sombrer dans l'ennui et l'alcool. Seule lueur dans les ténèbres de son existence d'épave: sa filleule Amy, la fille de son meilleur ami Clarence, qui est toujours flic à Wakefield, dans le nord de l'Angleterre. Amy est une fille adorable qui écrit à son parrain chaque semaine, sans pourtant l'avoir jamais vu. Mais Amy est tuée "accidentellement" par un chauffard. Anéanti, Burstyn, qui n'a pas perdu son instinct de flic, ne croit pas à l'accident, et décide de rentrer au pays pour enquêter sur la mort de sa filleule. Le septuagénaire va découvrir l'indicible, véritable chant funèbre sur une société de démence et de sang. Je n'en dis pas plus, mais accrochez-vous, c'est très très sombre. 

Outre l'intrigue haletante, à fort contenu émotionnel, je trouve aussi que Michaël Mention a gagné en fluidité, et montre une maîtrise remarquable dans la conduite de son récit. Une écriture Rock and roll, pleine de vitalité. Un style simple, percutant, alerte, syncopé. Des phrases courtes assénées tels des uppercuts que le lecteur se prend en pleine face. Mais dans le bon sens du terme. Et toujours ce regard acéré sur notre époque troublée.

Au final, ... Et justice pour tous est un roman noir majuscule, inspiré d'une histoire vraie, qui ne vous laissera pas indifférent. J'ai adoré et dévoré ce livre. Bravo Monsieur Mention! Par contre, je recommande de lire d'abord les deux premiers volets de la trilogie, Sale temps pour le pays et Adieu demain, car l'intrigue de ... Et justice pour tous est vraiment liée à ce qu'il s'est passé dans les deux premiers romans. Il y a une continuité dans cette trilogie anglaise, qui prend tout son sens dans ce dernier roman, crépusculaire à souhait. Et le final est dantesque ! 

Michaël Mention, ... Et justice pour tous, Rivages, 384 pages, sorti en 2015.


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