mercredi 12 février 2020

Les chiens de Détroit, de Jérôme Loubry


"Il était une fois, dans un village reculé, une créature qu'on appelait le Géant de brume. Chaque nuit, lorsque la lune voilée par les nuages n'éclairait qu'à moitié et que la brume humide léchait les maisons, il venait enlever des enfants qu'on ne revoyait jamais." Dans ce polar, il y a bien un géant qui enlève des enfants, mais ce criminel insaisissable n'opère pas dans un village reculé, mais dans les grandes villes américaines. Avec une grosse préférence pour Détroit, finalement l'anti-héroïne de ce roman. L'auteur en fait une description apocalyptique: "Les rues s'éveillaient à leur tour. Des mots résonnaient en leur sein, drogue, mort, viol, iniquité, valises, départ, abandon, enfants disparus... Cette cacophonie de mauvais augure obscurcissait bien plus que les pensées de ceux qui les prononçaient. Elle semblait assombrir le ciel lui-même."

Dans cette atmosphère de fin du monde, des enfants sont enlevés et assassinés. Stan Mitchell, le policier chargé de l'enquête, ne retrouvera jamais le coupable. Bien des années plus tard, alors que la ville, frappée de plein fouet par la tristement célèbre crise des subprimes, se vide de ses habitants, des enfants disparaissent à nouveau. C'est la mystérieuse Sarah Berkhamp qui est cette fois-ci chargée de l'affaire. La jeune femme n'est pas au bout de ses surprises !

Lire le premier roman d'un nouvel auteur, c'est se plonger dans un univers méconnu. L'univers propre à cet auteur, selon son vécu, ses expériences, son environnement, et sa façon de percevoir ce qui l'entoure. C'est toujours intéressant, c'est l'attrait de la nouveauté. Et puis, c'est la découverte d'un style d'écriture et d'une façon de raconter l'histoire.

Et pour moi, l'intérêt principal de ce roman assez court ne réside pas dans l'originalité de son intrigue, mais dans la façon dont l'auteur raconte et construit son histoire. L'intrigue est classique, trop classique, c'est du déjà-vu. Par contre, c'est vraiment bien écrit, dans un style moderne, alerte, percutant, limpide, au service d'un récit fluide, dynamique, composé de chapitres courts, remarquablement construit. Une intrigue diabolique qui entremêle habilement passé et présent, et qui ne dévoile ses secrets que dans les toutes dernières pages.

Au final, Les chiens de Détroit est un premier roman assez prometteur, qui se lit d'une traite, l'auteur parvient à nous captiver du début à la fin. Rien de nouveau côté intrigue, mais un vrai talent pour raconter une histoire criminelle, et créer une atmosphère sombre. Affaire à suivre ! 

Jérôme Loubry, Les chiens de Détroit, Le Livre de Poche, 304 pages, sorti en 2017 

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